La traversée Du Super servant 4

Vil-Brekin a écrit :

Ouaip...dans le carré, pardon le salon il y a moyen d'installer une piste de slot....

J'aurais dû le proposer à mon armateur.

Il aurait voulu une piste en marbre peut-être...
Mais quels pneus utiliser ?

Jour onze jeudi 6

Ce journal de bord pourrait facilement tomber dans l'ennui. Rien que du bleu sur 360°, tout autour de nous et cet océan paresseux qui refuse obstinément de se fâcher. Pas plus d'un mètre de creux c'est lassant à la fin. Quiconque se veut marin sur une navire marchand transatlantique doit aimer la routine s'il veut endurer cet emploi.
D'ailleurs le rythme s'est sérieusement ralenti à bord. Mon matelot qui se levait à 7 heures tous les matins, désormais lambine au lit jusqu'à 10 heures. Je l'aurais mauvaise de le lui reprocher étant donné le peu de travail avec lequel je peux remplir son emploi du temps. Et tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, il me demande passerons-nous devant Madeira, puis il me demande ensuite quand nous croiserons-nous Gibraltar et enfin quand arriverons-nous à Gênes. Et tous les jours je lui donne la même réponse : Le 7 à Madeira, le 9 à Gibraltar et le 12 voir le 13 à Gênes. Ce n'est pas que Pancho Villa ait une mémoire de poisson rouge, c'est juste que son corps de géant cache un enfant d'une dizaine d'années qui n'a pas grandi à l'intérieur. Pour rappel le beau bébé à tout de même cinquante-six ans !
De la même façon, sur notre écran de 37cm de large, faisant office de carte électronique à la timonerie, notre bateau, dont l'icône ne fait qu'un centimètre, se déplace d'un peu moins de 3mm par heures. Alors ne soyez pas étonnés si je vous dis que Juan est déçu lorsqu'il vient le consulter presque toutes les heures sans voir le moindre changement.

De mon côté les problèmes à répétition ne m'ont pas lâché, malgré le peu de communication que j'ai avec la terre. Mon ingénieur peine à obtenir un visa pour l'Europe, bien qu'il ne soit en rien un immigrant ou un terroriste, Tout comme lui, ma stewardesse est bloquée en Croatie parce que son pays d'origine, l'Ukraine, est toujours en guerre, dans l'indifférence du reste du monde. Désolé les Ukrainiens, la prochaine fois que les Russes décident de vous envahir, débrouillez-vous pour que ça ne tombe pas en pleine pandémie. De toute les façon cette guerre n'a pas l'air de les tracasser beaucoup. Daria, c'est le nom de mon hôtesse, me dit qu'elle se sent plus Russe qu'Ukrainienne. Pourtant elle n'est pas originaire de la Crimée, région selon nos médias fortement colonisée par les Russes.
Quand elle me dit qu'avant ils étaient tout russe, elle confond l'Union Soviétique, dont ses parents et elle sont d'ailleurs nostalgiques, et la Russie. Et c'est pareil pour les membres d'équipage du Super Servant 4 en majorité des Ukrainiens qui me disent tous qu'ils sont Russes ou que c'est du pareil au même. Tout cela est très loin du discours de nos chaines d'information.

Pour en revenir à mes problèmes, je dois aussi de toute urgence préparer la liste des dommages sous garantie avant que le yacht n'arrive en Italie, là où l'attend le chantier constructeur.
Oui mais voilà, cette liste doit être inscrite dans une application enregistrée sur un Ipad présent à bord, pour être validée et notre entrée au chantier, enregistrée. Problème, l'appli refuse obstinément de s'ouvrir. Le fabricant avec lequel j'ai été en contact via Whatsapp, m'a dit de la désinstaller et la réinstaller en suite. Naturellement, je suis bien parvenu à la désinstaller mais impossible de la réinstaller. Bref c'est pire qu'avant ! Et mon armateur s'impatiente. Au pire il me virera… Oups, ça, s'est déjà fait !
Bon, pour l'ingénieur au moins, je peux lui faire parvenir un certificat de travail, ce qui devrait résoudre son problème de visa. Pour la stew, je peux toujours appeler Poutine pour lui demander de mettre un terme à son invasion, je doute qu'il m'écoute.
Demain, avec un peu de chance, on devrait apercevoir Madeira, une jolie petite ile, perdue dans l'Atlantique et connue pour ses vins cuits.

petite question. d'un néophyte.

la traversé sur le Super servant 4 ,c'est pour économisé du carburant , ou parce que les réservoirs ne sont pas suffisant pour une tel traversé ?
et question subsidiaire , quel est le rayon de navigation d'un tel yacht ?

alfagtv916 a écrit :

petite question. d'un néophyte.

la traversé sur le Super servant 4 ,c'est pour économisé du carburant , ou parce que les réservoirs ne sont pas suffisant pour une tel traversé ?
et question subsidiaire , quel est le rayon de navigation d'un tel yacht ?

Bonjour GTV, pour répondre à ta question, nous consommons à une vitesse de croisière de 11 nœuds, 280ltr/heure. Ce qui représente une allure lente et une très faible consommation. (Un léopard 27m à 42 nœuds consomme 1000ltr/h et pèse un quart de notre poids). Nos soutes peuvent supporter 30 000ltr, en réduisant notre allure à 10 nœuds et notre consommation à 250ltr/h, nous pouvons donc couvrir 1200 miles nautiques, soit un peu plus de la moitié de la distance entre la Barbade et les iles du Cap vert ; la plus courte distance d'un point à l'autre de l'Atlantique considérant notre zone géographique. Bien sûr il n'y a plus que 1167 Miles nautiques entre St pierre & Miquelon et les Açores, mais là il nous faudrait naviguer en Atlantique Nord, réputé assez peu accueillant.
De plus notre navire selon son constructeur, ne peut pas naviguer au delà de 6 Beaufort et des vagues de quatre mètres, ce qui veut dire que nous ne serions plus assurés et qu'en cas de naufrage, je devrais rembourser seul les dommages. Il me faudrait plusieurs vies pour ça, ou m'endetter jusqu'à la dix-septième génération ! Pour finir, comme notre bosse ne voulait pas payer son yacht trop cher et qu'il ne voulait pas attendre plus longtemps la livraison, il a fait l'impasse sur une des deux cloisons étanches Celle de l'avant, la plus utile en cas de collision et un certain nombre d'autres équipement de haute mer ! Du coup, nous sommes limités à 60 miles nautiques des côtes.
Donc en aucun cas, nous ne pourrions effectuer cette traversée.
Mais pour aller jusqu'au bout du raisonnement, sachant que la distance séparant La baie du Marin en Martinique de Gènes en Italie et de 4737 miles nautiques, il nous faudrait donc consommer environ 118.425ltr pour y parvenir. Au prix du carburant soit à St Martin, 1.10 dollar le litre, soit 0.90€, la traversée coûterait 106.582€, moins de la moitié de ce qu'elle nous a vraiment coûté. J'ai pu me procurer le prix de la traversée sur le Super Servant, encore une fois ultra confidentiel et jamais communiqué aux équipages et pour cause : 225.000€ !

Jour douze vendredi 7

Alors que j'écris ces lignes, je me demande qui pourra bien les lire ? Qui pourrait s'intéresser à mes errances, autant navales que spirituelles ? J'ai déjà du mal à me relire moi-même. J'ai même failli jeter ce journal dans la corbeille électronique de mon ordi.

Les paysages idylliques de Madiera. NB toutes les photos illustrant cette page sont des capture d'écran sur internet. Nous étions trop loin pour que l'objectif de mon téléphone puis faire une image nette.

Nous voilà donc au large de Madeira. Vu d'ici cela ressemble à une excroissance mammaire, oubliée là par une ex-bimbo de la téléréalité. J'ai pour l'avoir visitée lorsque j'étais enfant, le souvenir d'un paysage idyllique. On l'eu cru tout droit sortie d'une de ces superproductions hollywoodiennes de l'époque, où tout n'était que carton-pâte et décors de studio. Ces décennies où, asiatique, amérindiens ou sauvages africains étaient systématiquement joués par des acteurs blancs ridiculement maquillés ou grimés. Impossible alors d'enrôler le moindre acteur non blanc pour jouer dans une super production de la MGM, de la Paramount ou des studio Universal.

On croirait un décor Hollywoodien.

Pour en revenir à mes souvenirs d'enfance, nous étions alors entre 1962 et 1965, période où mes parents et moi vivions au Brésil.
Une fois par ans, ma mère avait le privilège de rentrer en France pour rendre visite à ses parents. Le voyage se faisait par bateaux ; des transatlantiques Italiens aux noms évocateurs, Julio Cesare, Augustus, Michelangelo. J'ai encore aujourd'hui, le souvenir marquant du tintement que faisaient les couverts en argent et l'odeur des petits pains encore chauds et déjà disposés sur les tables, lorsque nous entrions dans la salle à manger des premières classes pour y prendre notre repas. Je me remémore aussi le bruit ahurissant que faisait les cornes de brume du navire, lorsque nous quittions les ports de Gênes ou de Rio.
Je pense que ma passion pour les navires, d'aussi loin que je puisse m'en rappeler, me vient de là. J'ai aussi retenu cette réponse à une question posée par ma mère à l'officier en second : « D'où vous viennent toutes ces décorations ?
- C'est Madame, que j'ai servi comme officier dans la marine nationale Italienne pendant la dernière guerre. Celles-ci me viennent de l'époque où nous nous battions aux cotés des allemands ; et celles-ci des américains, lors que nous nous sommes alliés à eux. » Une réponse très italienne.

Vu d'ici cela ressemble à une excroissance mammaire, oubliée là par une ex-bimbo de la téléréalité.

Le dernier voyage, fut celui du retour vers le Royaume Uni, la patrie adoptive de mon père, en 1965. Cette fois le bateau était moins confortable et l'ambiance morose. Mon père avait perdu gros dans ces affaires.
Et ce journal devient une autobiographie…

60 miles des côtes ??? Je ne sais pas ce coûte ce "yacht" mais c'est du délire....une usine à gaz pour faire du cabotage et se pavaner à quai à St Trop ou à Monaco....C'est du grand n'importe quoi...mais bon ça fait bosser et voyager du monde à dos de cargo....
Je suis sûr que pour le tarif d'un tel engin + l'entretien et tout le bazar tu as un super voilier, big cata ou maxi goélette...pas quand même le Falcon Malteise...mais capable de faire le tour du monde dans pratiquement n'importe quelle condition.

Ceci dit la voile c'est une autre philosophie.....une vie dans la vie où seul le destin t'observe, une grande chance d'être soi...

Je comprends ton blues et tes vagues à l'âme ( à lames ) cher Capitaine.....

Merci Vil Brekin pour tes remarques.

Alors oui, l'entretien par an, coûte 10% de la valeur d'achat, soit environ 1.7 millions d'Euros. Ca comprends les trois assurances qui couvrent les dommages faits au navire, les dommages fait à autrui et les dommages fait à l'équipage et les passagers. Dans les frais il faut compter la place au port, les salaire et couverture sociale de l'équipage (cette dernière n'est obligatoire que depuis 2013 ! ), l'avitaillement de l'équipage (aliments, produits de toilette et produits ménagers), les chantiers annuels, les mises à jours des documents de navigation et les remplacements des accessoires usés. Ce sont les frais Fixe, n'entre pas en considération, le carburant, les loyers des ports visités, les traversées sur le Super Servant 4, les commissions d'agence et taxes de navigation et pas non plus l'avitaillement des invités.
Tu remarqueras, que je ne parle pas d'impôts ou de TVA, puisque la plus part de ses yacht y échappent.
Et voilà encore un grand secret révélé. là je suis bon pour la chaise électrique.

Pour ce qui est du Faucon Maltais, tu serais déçu, c'est un fifty, comprends qu'il est incapable de naviguer uniquement à la voile, en fait c'est un motor Yacht déguisé en voilier Hi-tech. De plus il est laid comme un fer à repasser Rowenta.

Et oui, je suis bien d'accord avec toi, la voile c'est un tout autre univers. Mais la pratique de la voile est un loisir. Ici c'est de travail dont il s'agit. Et pour être honnête, je préfère encore les lubies des riches aux affres de la pêche en haute mer ou l'ennui des traversées au long cours de la marine marchande.

Jour treize samedi 8

Nous avons un cluster à bord. Non pas à bord de notre yacht, mais à bord du Super Servant 4. Pour être plus précis, c'est l'équipage du E/V un des deux cinquante mètres qui est en quarantaine. Je l'ai appris par hasard ce matin sur la VHF du bord. Pas de téléphone pour communiquer, nous sommes trop loin de toute terre habitée pour capter les fréquence 2,4 gigas de nos portables. Ici nous communiquons par la VHF, un peu comme les routiers accros à leur CB. Le S.S 4 transmet sur le canal 17, c'est là que j'ai entendu une communication avec le second du E/V. Il n'a plus de fièvre, le capitaine est encore au lit mais va mieux. Ça explique pourquoi depuis quelques jours, nous devons communiquer chaque matin nos températures corporelles respective, au commandement du Super Servant. Ca explique aussi pourquoi nous avons plus vus nos amis. Et dire qu'ils sont venus boire un coup avec nous, il y a un peu plus d'une semaine. Heureusement, Juan et moi allons bien...

le E/V à gauche sur l'image est devenu une zone de quarantaine.

A bord des yachts le Week end c'est farniente ; on a déjà du mal à occuper notre emploi du temps la semaine autant faire relâche le samedi et le dimanche. Pour l'équipage du Super Servant, seul le dimanche est chômé. On ponce on gratte la rouille puis on repeint là où on a mis le métal à nu et là seulement, pas question de repeindre tout une cloison ou tout un pont. Du coup l'ensemble du navire est patchwork de teinte de gris légèrement différentes. D'une part c'est la devise de la marine : « peinture sur merde = propreté » d'autre part ça occupe un équipage qui serait devenu paresseux dans le cas contraire. Le rythme dans la marine marchande et celui dans le milieu du yachting son très différents. Pour les premiers, le travail est continu sur un système de quarts, où l'on travaille six heures d'affilée, on est en disponibles mais pas en poste six autres heures et on dort ou on se repose les six suivantes. Sur les yachts c'est très différent, on peut souvent être amener à travailler seize heures par jours et pendant cinq mois, avec au plus deux ou trois dimanches de repos. Mais on lève sérieusement le pied à chaque fois que l'occasion se présente. Lors de la traversée entre St Maarten et la Martinique, j'ai effectué 23 heures de navigation d'affilé aves une coupure d'une heure, dans ma cabine, avec la porte ouverte donnant dans la timonerie. Malheureusement aucun de mes membres d'équipage n'a le moindre brevet de passerelle et ne peut donc me remplacer aux commandes. J'ai donc laissé le pilote automatique faire le travail sous la surveillance de mon ingénieur chargé de me prévenir au moindre problème. Et encore, j'étais plus qu'à la marge de ce qu'autorisent les règles de navigation mondiales. Oui mais le yacht est privé et bien que faisant plus de 30m et 300 tonnes GT, in navigue dans un certain flou juridique en ce qui concerne ce genre de règlementation.
Du coup ce sont les assureurs qui prennent la suite en cas de fortune de mer, le terme maritime pour un accident. Ce sont eux qui vous pour suivrons devant les tribunaux. En clair lors de cette traversée, je n'étais pas vraiment couvert par l'assurance. Ce genre de situation se reproduit régulièrement dans notre profession. Causé le plus souvent par des armateurs cherchant à économiser sur le post des salaires, en enrôlant des gens insuffisamment qualifiés ou formés.
Et parfois lorsque c'est aussi le cas pour la capitaine, le yacht se retrouve dans des situations totalement illégales et ce, en toute ignorance...

En y regardant de plus près, on peu voir sur l'image les nombreuses retouches peinture.

Jour 13 Suite

...Pour passer le temps le weekend, il m'arrive de regarder des films sur mon ordi, le problème étant que comme nous n'avons pas d'internet, j'en suis réduit à revoir ceux qui sont enregistrés dans mon disque dur portable et au bout d'un moment, je les ai tous vus.
Hier j'ai revu pour la nième fois Les Gardiens de la Galaxie. Amusant, dans ce film un des personnages est un arbre humanoïde, c'est Hollywood où tout devient possible. Cette étrange créature à la forte carrure procède un vocabulaire restreint à une seul phrase : « Je s'appelle Groot ». Il me fait penser à quelqu'un à bord, je crois que désormais je vais appeler mon matelot Groot.

Groot, il a vraiment un petit air de ressemblance avec Juan.

Demain nous entrerons en Méditerranée, il nous restera alors encore cinq jours de traversée jusqu'à Gêne. Comme nous avions pris du retard, le Super Servant 4 force l'allure, maintenant nous avançons à 12 nœuds, 22 km/h ! Et ce soir à dix-huit heures, comme tous les trois jours nous perdons encore une heure. J'avoue avoir du mal à me faire à ce décalage horaire progressif. En arrivant à St Maarten, il m'avait suffi d'une longue nuit de sommeil pour tout rattraper, mais là mon corps ne s'habitue pas et refuse de s'endormir avant deux heures du matin. En revanche le matin à 7h30, le réveil est un supplice. L'équipage de notre transporteur, qui subit ces changements tous les mois, ont droit à tout mon respect.

Au bout de 11 jours, un cluster covid....c'est quand même pas de bol....
ca devient lyrique, ca va lui faire un choc au Capitaine Fracasse quand il va mettre un pied sur la terre ferme et son lot d'inepties.
J'espère que sa blonde a prévu les Tranxènes et qu'elle a coupé l'abonnement à la télévision.
Il va nous refaire Hibernatus après 20 jours hors du monde.

gilou-971 a écrit :

Au bout de 11 jours, un cluster covid....c'est quand même pas de bol....
ca devient lyrique, ca va lui faire un choc au Capitaine Fracasse quand il va mettre un pied sur la terre ferme et son lot d'inepties.
J'espère que sa blonde a prévu les Tranxènes et qu'elle a coupé l'abonnement à la télévision.
Il va nous refaire Hibernatus après 20 jours hors du monde.

C'est toujours un choc de revenir à terre. c'est le retour aux incivilités, aux informations choc de BFM, aux futilités comme les soldes et les manifs de gilets jaunes ETC etc

CaptFracass a écrit :

gilou-971 a écrit :

Au bout de 11 jours, un cluster covid....c'est quand même pas de bol....
ca devient lyrique, ca va lui faire un choc au Capitaine Fracasse quand il va mettre un pied sur la terre ferme et son lot d'inepties.
J'espère que sa blonde a prévu les Tranxènes et qu'elle a coupé l'abonnement à la télévision.
Il va nous refaire Hibernatus après 20 jours hors du monde.

C'est toujours un choc de revenir à terre. c'est le retour aux incivilités, aux informations choc de BFM, aux futilités comme les soldes et les manifs de gilets jaunes ETC etc

J'aime bien quand un gars dont le métier est, entre autre choses, de passer 15j sur un bateau qui sert à transporter des bateaux qui ne servent à rien parle de futilités
Surtout quand il fait ça ici ou le sujet principal est autrement plus sérieux que toutes ces fariboles

Blagues à part, il est certes pas mal hors sujet ici, mais j'aime bien ce fil

Ju_bil a écrit :

J'aime bien quand un gars dont le métier est, entre autre choses, de passer 15j sur un bateau qui sert à transporter des bateaux qui ne servent à rien parle de futilités
Surtout quand il fait ça ici ou le sujet principal est autrement plus sérieux que toutes ces fariboles

Blagues à part, il est certes pas mal hors sujet ici, mais j'aime bien ce fil

Merci Jubil. Et pour continuer dans le hors sujet et le futile, tout de suite la suite!

Jour quatorze dimanche 9

Nous sommes en train de passer Gibraltar, bien que nous soyons dimanche, je suis réveillé depuis l'aurore à cinq heures du matin heure locale. C'est la sonnerie de mon téléphone qui capte enfin les lignes terrestres, qui m'avertit qu'un SMS est arrivé. Bonne nouvelle, un de mes anciens patrons veut mon CV pour une nouvelle mission. Le Message à déjà quelques jours, espérons qu'il ne soit pas trop tard, d'autant qu'il s'agit d'une boite sérieuse et d'un homme qui a gardé le sens des traditions. Comme j'aime à le répéter, le yachting est n'est qu'affaires de traditions, de fierté et de règles. Tous ce qu'il n'est plus de nos jours.

Le baromètre a perdu 10hpa en une nuit, nous entrons donc dans une zone dépressionnaire, ce qui est courant dans ce secteur. Notre navire transporteur a forcé l'allure, nous sommes à 13.5 nœuds, pour nous conformer aux directives du DST, le Dispositif de Séparation du Trafic. C'est une sorte d'autoroute virtuelle tracée sut la carte avec deux couloirs, un pour le sens Est/Ouest et l'autre en sens inverse. Pour pénétrer dans ce couloir dès lors que notre navire mesure plus de 24m, nous devons prendre contact avec une tour de control, nous identifier et nous conformer à leurs directives, cap, vitesse et heure d'entrée notamment. Ce système inspiré par l'aéronautique a été mis au point au départ pour la manche, il me semble, à la suite du naufrage de l'Amoco Cadix. Il s'est ensuite généralisé sur tous les points chauds de la planète. A voir le nombre de navires dans notre entourage et leur taille, qui les rendent peu manœuvrables, ce n'est pas superflu.

Les lignes en mauves représentent le DST sur la carte électronique.

Nous venons de croiser l'un des porte container Ebba Mersk, avec ses 397m de longueur hors tout, il est parmi les plus grands navires jamais construits. A peine plus manœuvrable que la Lune. Et entre lui et nous, le Warrior, un petit navire de pêche espagnol dont le nom grandiloquant prête à rire.

Je vois le nom des navires, leur taille, spécifications et destinations, grâce à mon AIS, un dispositif utilisant la VHF et couplé au Radar. Malheureusement, je n'ai pu le laisser allumer que quelques minutes, le temps de faire deux ou trois photos. J'ai ensuite été prié de l'éteindre parce que ce dispositif créait une confusion sur le DST, mon navire faisant plus de 24m et étant pile au même emplacement que le Super Servant 4 et pour cause.

Le navire rouge sur l'écran représente notre emplacement, les triangles bleus, sont les autres navires. En pointant dessus avec le curseur, on peut lire leurs détails : Nom, compagnie d'armement, longueur hors tout, déplacement, cap, allure, destination. Le point jaune et noir est un "waypoint" que j'avais posé là, pour mesurer la distance qui nous séparait de ce passage.

Malgré la brume matinale, c'est toujours un moment spectaculaire du voyage. Avec Tanger (Maroc) sur tribord et Tarifa ; ma pointe sud de l'Espagne sur bâbord.

A gauche sur l'image, l'Espagne, à droite, le Maroc.

Plus loin, sur tribord, j'aperçois un navire de recherche à l'arrêt, il est probablement en train de sonder sur une épave récente, pour la marquer sur les cartes de navigations, mais ce n'est qu'une supposition.

Si tel est le cas, il faut savoir que les fonds à sa verticale ne font qu'une cinquantaine de mètres et que les filets d'un chalut pourraient bien se prendre dans l'épave, ce qui peut mettre en danger le navire. Lorsqu'une épave est ainsi repérée, elle est immédiatement positionnée sur les cartes marines du monde, sous la forme d'un trait horizontal barrée de trois petits traits verticaux. Ce qui signifie, que l'épave est trop profonde pour être heurtée même par marée basse, mais qu'elle peut constituer un danger pour la pêche. Une épave affleurante est représentée par la proue d'un navire sortant de l'eau.
C'est la raison pour laquelle les cartes marines, qu'elles soient sur papier à l'ancienne ou électronique, doivent être mises à jour régulièrement.

Un trait horizontal barrée de trois petits traits marquent une épave dangereuse pour la pêche....

...Bien que cela pourrait changer dans les prochaines années, les cartes électroniques de base, telle que celles qui équipent ce Yacht ne sont pas reconnues, ce qui implique en navigation de reporter sa position sur les cartes papier. De moins en moins de capitaines respectent cette consigne. Ceci ne posera un problème qu'en cas d'accident, mais dans une telle éventualité le capitaine risque de perdre sa licence et plus encore. Il existe aussi des cartes électroniques reconnues, le système s'appelle ECDIS, est très couteux et nécessite d'être entièrement doublé ; deux sources de courant électrique différents, deux ordinateurs de navigation distinct et naturellement deux écrans. Seul certains gros yachts et les navires marchands en sont équipés. De plus il faut un brevet spécial pour en faire usage.

Le Super Servant 4, navigue maintenant à quinze nœuds, je ne suis pas à la passerelle de commandement mais je devine pour avoir déjà traversé ce détroit, que les courants nous donnent un coup de pouce. La dernière fois j'étais passé là dans le sens Est Ouest, alors que je servais à bord du Planet Solar, un navire expérimental, en tant qu'ingénieur et officier de quart. J'étais de quart à l'embouchure du goulet, à quatre heures du matin, je laissais la place au capitaine Gérard D'Aboville en personne. Lorsque je me suis réveillé à huit heure, nous étions toujours à mi-chemin, notre navire ne pouvant évoluer à plus de cinq nœuds et le courant de face étant presque équivalent, nous faisions du sur place. Il nous aura fallu attendre que la marée en atlantique soit descendante pour que le courant retombe que nous puissions enfin sortir de ce passage.
Ce phénomène est connu des navigateurs à la voile dont certains ne font pas plus de sept ou huit nœuds.

Nous voilà enfin devant le rocher de Gibraltar, toujours une colonie Britannique à ce jour, pour sa position stratégique de la plus haute importance. Les Espagnols de la région l'appellent le rocher aux singes, en précisant que sur cet éperon rocheux il n'y a que des Anglais et des singes, mais qu'il n'est pas toujours aisé de faire la différence.
Devant nous s'ouvre la mer Méditerranée, que je considère comme ma mère patrie et comme pour saluer mon retour le Soleil pointe enfin ses rayons sur nous.

Il est maintenant bientôt quatorze heures, notre allure est, comme prévu retombée à 13,5 nœuds alors que nous sortons peu à peu de la zone de courant océanique. Le baromètre aussi continu à tomber 1010hpa et la température extérieure elle est passée de 18° à 21°. Il faut rappeler qu'une dépression, c'est de l'air chaud et humide à l'opposé d'un l'anticyclone, tel que celui des Açores que nous venons de traverser les jours précédents.
Bref Groot est sur les dents et moi j'attends avec impatience que la mer se forme, enfin un peu d'action.

Nous aurons bientôt Alboran sur le travers tribord, un récif plus qu'un îlot perdu au milieu de l'embouchure du détroit. Au centre est planté un phare, célèbre pour un fameux échange avec la marine nationale des USA, que je vous résume ici :

« -Navire non identifié ; ici l'USS Enterprise, porte avion de l'U.S Navy, je vous demande de vous écarter de notre route.
-Ici Pedro, des service maritime Espagnols, ce que vous demandez nous est impossible, veuillez changer de route pour éviter la collision. »
Après plusieurs échanges de plus en plus menaçants de la part des Américains :
« -Ici l'amiral N…… C…….. Commandant en chef de la 5ème flotte des Etats Unis d'Amérique, à bord du porte avion USS John F. Kennedy, Nous sommes trois porte-avions nucléaires rassemblant près de 280 appareils de combats, escortés par six croiseurs multitâches, six frégates anti-aériennes, douze destroyers, quatre sous-marins nucléaires d'attaque et une flotte de 16 navires de forces de transposition et ravitaillement. Si vous n'obtempérez pas immédiatement, nous serons dans l'obligation de prendre toutes les mesures coercitives en nôtres pouvoir.
-Ici Pedro des services maritimes d'Espagne, nous sommes deux avec mon collègue Manuele, nous avons avec nous un chien un Canari et un pack de six bières. Nous sommes au sommet du phare de l'ile d'Alboran et donc, il nous est tout à fait impossible de satisfaire à votre demande, quelque puisse être vos mesures coercitives. Mais pour la dernière fois nous vous conseillons de changer de cap. »
Après un long silence à la radio :
« Bien reçu, nous changeons de cap, terminé »
Bon en même temps ce sont des Américains, pour tuer un rat, ils n'hésiteraient pas à se munir d'un bazooka, un fusil d'assaut, une caisse de grenades et pourquoi pas un tank, ça peut toujours servir.

...Après vérification, il s'agit d'une légende urbaine.

trop mort de rire la légende urbaine ! j'adore ...
bonne route et continue de nous régaler ...

Jour quinze lundi 10

Ce matin Goort avec son vocabulaire limité et sa gestuelle me fait comprendre que son cousin, le capitaine qui m'a précédé à bord, lui propose d'aller travailler avec lui aux Bahamas. Il ajoute qu'il sera mieux payé.
Pas étonnant, à bord il se fait 1500$ par mois et même si c'est du net et que ça peut sembler pas mal pour un matelot inexpérimenté comme lui, c'est très loin des standards de la profession. Sur un trente-huit mètres comme le nôtre, sa rémunération devrait se trouver entre 2500€ pour un marin débutant et 4000€ ce qui fait près de 4500$, pour un Bosco expérimenté. Le Bosco étant le plus haut grade d'un marin non-officier à bord. Le Bosco est le chef des matelots, celui qui les forme et réparti les tâches.
Notre stewardess, de la même façon touche 1200$, sur un autre yacht, où elle ne tardera pas à partir, elle se fera ente 3500€ et 4000€. Notre ingénieur, Farid a droit à un régime spécial. Puisqu'il vient de Tunisie, un pays que notre propriétaire considère comme un « Shit hole » vous traduirez vous-même, il a droit à 900$, un scandale. Le salaire moyen pour un ingénieur débutant sur un 38m est de 3500€.
Notre hôtesse cuisinière, virée au bout de quinze jours parce qu'elle était trop chère avait été négociée à 3500$ mensuel, quand la moyenne de la profession est à 4000€. Pour ma part, sans vous livrer le montant exact, je peux tout de même avouer que mon salaire à lui seul, dépasse le total des quatre autres. Pourtant je suis dans la fourchette basse de la profession. Pas étonnant que notre armateur décide de se séparer de moi aussi, surtout quand on sait que depuis que je suis en charge de son yacht, le budget mensuel du navire a presque doublé. Oui, je ne coupe pas la clim lorsque le boss et ses invités débarquent, pour économiser sur la facture d'électricité du quai et mon équipage désormais mange autre chose que du riz et des patates. de plus j'ai fait l'acquisition de tous les équipements nécessaires à une navigation en sécurité, comprenant les protections corporelles, gants lunettes, casque anti-bruit pour la salle des machines, les cartes, un journal machine, plus la réparation de la pompe incendie et de l'alarme et j'en passe.

Pour ce qui est des salaires des équipages, il ne faut pas oublier, que ces personnels font quasiment votre semaine de 35 heures en seulement deux jours ; qu'ils sont au travail le weekend et n'ont ni récupération ni RTT. Ils sont privés de leur famille pendant plusieurs mois. Ils doivent passer des brevets professionnels coûteux et les revalidés tous les cinq ans. Une simple cuisinière est déjà titulaire du CFBS, ayant été formée pour l'utilisation des extincteurs, des combinaisons de survie, des radeaux de survie et de tous les équipements de signalisation, fusée de détresse fumigènes etc. Elle doit être munie d'un brevet d'hygiène alimentaire sur navire et bien sûr, de son brevet de cuisinière. Pour ma part, je suis titulaire de treize brevets de toutes sortes, radio, radar, mise à l'eau et maniement d'une embarcation de sauvetage largable ou pouvant contenir 200 passagers, trois brevets médicaux pour effectuer de la télémédecine d'urgence en mer, un brevet anglais d'ingénierie maritime, etc etc. Auxquels viennent s'ajouter mes brevets de commandement. Le tout passé en cinq ans pour un montant approximatif de 28000€ dont une bonne partie, c'est important de le préciser, a été prise en charge par l'état de notre pays. Probablement la seule nation à prendre en charge une partie de ces formations, qui d'ailleurs figurent parmi les meilleurs au monde.
Cependant tous les quatre ans, je dois revalider certains de ces brevets en retournant à l'école. Et dans ce cas, les formations sont à ma charge, ce qui est normal aussi. Cette année j'ai tout de même dépensé l'équivalent de presque un mois de salaire pour cette charge.
En résumé, l'argent ne peut à lui seul, justifier le choix d'une telle profession. Au départ, nous sommes soit issus d'une tradition familiale, comme c'est le cas pour Farid, Daria et Groot. Soit Pris par la passion, comme c'est le cas d'Aurore, notre ex-cuisinière ou moi. Tous nous donnons le meilleur de nous-même, l'argent n'est alors qu'une reconnaissance de notre travail. C'est la raison pour laquelle, l'ensemble de l'équipage de ce yacht, finira par partir là où il est mieux payé, à défaut d'être plus respectée...

Jour quinze lundi 10 (suite)

Nous sommes maintenant à l'ouest d'Ibiza, la capitale mondiale de la fête, pour les riches et les clubbeurs, comme je ne suis ni l'un ni l'autre, je vous conseillerais de venir découvrir cette île à l'intersaison, de Début mai à la mi-juin ou du premier au trente septembre, vous éviterez ainsi les foules sous extasy, les crétins en Versace et les tarifs prohibitifs. De plus vous profiterez de cette île pour ce qu'elle est en réalité un petit havre de paix baignant dans un climat idyllique.

Ibiza, à une vingtaine de nautiques de nous et dans la brume matinale.

Pour la première fois les communications téléphoniques avec la terre sont possibles pendant presque une heure et j'en profite pour appeler ma bien aimée et mes proches, tous ces terriens qui vivent dans un monde si différent du nôtre, avec leurs propres rythmes, leurs propres rites et leurs propres priorités.
Dans deux jours je vais revenir à cet environnement, je vais devoir retrouver ma place dans cette civilisation insensée dont les turpitudes m'ennuient. Un monde froid, impersonnel et cruel. Le monde des informations du soir avec leur lot quotidien de terreur, de mauvaises nouvelles et de postulats politiques stériles. Le monde que les hommes ont tordu par leur arrogance et avidité, jusqu'à lui enlever toute humanité. Ce monde où tout un chacun coure après je ne sais quoi, jusqu'à l'heure venue de se rappeler que nous sommes tous mortels et que l'existence est trop courte pour la gâcher avec d'inutiles combats. C'est le moment ou désespérés de n'avoir pas su profiter de ce cour passage sur terre, ils se cherchent un dieu pour tout leur pardonner, se berçant de l'illusion que quelque part un paradis les attend. Même si ça demande une bonne dose de naïveté, c'est toujours plus facile que d'accepter l'idée, que deux générations après notre mort, plus personne ne se souviendra de nous et que malgré tout on a gâché sa vie à trouver un moyen de payer ses crédits, ses impôts et ce tas de trucs que l'on considérait essentiel sans vraiment en avoir besoin.

Une pair de porte-containers qui viennent d'Asie via le canal de Suez et vont au Havre ou Hambourg. Pas polluants du tout.

Si ceux que j'aime me manquent lorsque je pars en mer, ce monde là ne me manquera jamais. Et chaque retour à terre après une longue période de mer, me demande plusieurs semaines d'adaptation.
Je sais bien que ce n'est pas le cas pour un certain nombre de mes collègues. D'autres, par contre, refusent obstinément d'ouvrir le poste de télévision ou d'écouter les informations.
Si je n'étais habité pas une seconde passion, celle du sport automobile, qui m'oblige à vivre près d'un circuit que j'apprécie tout particulièrement, celui du Luc en Provence et si ma douce compagne n'était pas tenue de suivre de permanents traitements médicaux en France, nous serions partis nous installer dans un endroit tranquille loin de ces turpitudes. J'ai un métier qui me permets de travailler n'importe où dans le monde mais pour ces raisons, je ne peux en profiter. Ou plus précisément, j'ai fait le choix de rester ici.
Attention, je ne dis pas que la France n'est pas un beau pays. Bien au contraire, ces paysages variés, tout comme ses différentes cultures du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest, les avantages sociaux, le mode de vie et la liberté dont on y jouit, tout combine à en faire une nation privilégiée. Le problème c'est que les Français l'on oubliés. Que de jours en jours on peut sentir la tension monter, que l'atmosphère y devient de plus en plus oppressante et tout ça, essentiellement pour deux raisons ; les inégalités sociales qui grandissent sans cesse et les médiats qui sont moins motivés par le désir d'informer que celui de faire de l'audience...

Jour 15 suite et fin

...Maintenant que les chaines d'information sont privées, elles survivent grâce aux subsides de la pub et la pub dépend de l'audience. Leur but est donc de vous garder assis dans votre fauteuil jusqu'à la prochaine coupure publicitaire. Et c'est plus facile de le faire en vous parlant de ce qui vous concerne directement ; les décisions de votre gouvernement et les menaces réelles ou supposées qui pèsent sur vous et vos concitoyens.
Du coup on en oublie le reste du monde et quand on en parle, c'est au travers du filtre déformant du sensationnel. Si les Français avaient plus souvent l'occasion de vivre quelques temps dans d'autres pays, ils seraient moins pessimistes en ce qui concerne le leur et l'ambiance chez nous serait certainement moins morose.
Un acte aussi simple que de prendre sa voiture le dimanche matin, pour aller chez le boulanger, s'acheter des croissants pour le petit déjeuner est un rêve inaccessible pour une très large majorité des habitant de cette planète. Soit parce qu'un sniper guète votre passage des hauteurs d'une colline, soit parce qu'un dictateur considère les croissant comme le produit de la dépravation du monde occidental, et pour ça en interdit la vente dans son pays. Soit parce que le premier boulanger est à plus de cent cinquante kilomètres, soit parce que vous n'avez pas de voiture, soit par parce que dans votre pays, les croissant sont dégueulasse et fourrés avec je ne sais quoi d'immonde. Cette dernière remarque est pour nos voisins Italiens.
Vous y penserez dimanche prochain en allant chercher vos croissants.

Pendant deux semaines on a vu personne, maintenant, c'est l'autoroute aux heures de pointe.