Sur le coup des trois heures du matin, je décide que la blague a assez duré. Ils sont tous imbibés, je suis le seul survivant dans une hordes de zombis hallucinés. La musique me perfore les tympans depuis trop longtemps. Luigi a eu la bonne idée d'équiper le bord avec des verres en verre. Le plastique eu fait moins de ravages. Ils en ont cassé un et une andouille s'est coupé le pied dessus.
Bref on lève l'ancre et personne d'ailleurs ne s'en est rendu compte.
Je suis maintenant assis sur le fly bridge, le pont supérieur, un crétin avec une dégaine de banquier viens s'assoir à côté de moi. Je le regarde déballer sa Cocaïne devant moi. L'étaler sur le tableau de bord et s'apprêter à l'aspirer. Comme je le regarde, il me sourit et dit : – T'en veux ? Ça va te faire du bien.
- Tu sais qu'à bord je suis officier de police judiciaire ? Que j'ai le pouvoir de te séquestrer et de te livrer à la police à notre arrivée ?
- Tu déconnes ?
- Regarde moi bien, tu trouves que j'ai l'air d'avoir envie de plaisanter ?
- Putin ! Pardon, Pardon, désolé je ne savais pas. A ces mot Atchoum joignant le geste à la parole, souffle sur sa came et va se perdre dans la foule.
Il est maintenant trois heures trente du matin et j'arrive devant le port de plaisance de St Jean Cap Ferrat. Ici autant qu'en bretagne, des gens bien dorment sur leurs voiliers et leurs petites vedettes. Je descends dans le salon baisser la musique et proclame pour ceux qui comprennent encore leur langue de bipèdes, que maintenant la fête est finie et qu'il faut la mettre en sourdine.
Je suis à peine remonté sur le fly, qu'un de ces abrutis remets la musique à fond. Cette fois je descends et coupe la chaine Hifi. C'est peine perdue, dix minutes après alors que je suis en train d'entrer dans ma place, le tonner musical reprends. Occuper à serrer mes poser amarres je l'agent de sécurité du port là sur le quai, l'air visiblement excédé, il me demande si je suis le capitaine. Je lui réponds, - Plus vraiment. Je vais vous chercher mon armateur, vous vous débrouillerez avec lui. Et surtout, faites vous plaisir.
Et voilà les trois mousquetaires en déroute, Luigi la murge, accompagné de Jean foutre l'abonné et de Nicolas, le fils du Broker local. Hors quand on est fils de veneur de bateaux ont se croit sorti de la cuisse à Jupiter.
La blague commence avec Jean Foutre qui veux acheter le gardien avec deux billets de cinquante euros. Ce qui ne va pas obtenir l'effet escompté. L'agent de sécurité est de plus en plus excédé. Maintenant c'est Luigi qui essaye d'expliquer qu''ils sont en train de faire une petite fête. Toujours pas un argument efficace, là le garde s'énerve en me regardant, je lui glisse discrètement : – Non vraiment, lâchez-vous.
Sur ce, le gars saisit son téléphone pour appeler la gendarmerie maritime en menaçant de nous expulser du port.
Là C'est le roi Nicolas qui proclame, je suis Nicolas du Chmol le fis de Connard Du Chmol, patron de Trucmuche Marine, je fais vivre ce port avec ma flotte et si vous insistez je vais appeler le maire tout de suite. Ce à quoi mon nouvel ami en uniforme proclame,
- Faites donc, je suis curieux de voir ce qu'il va vous répondre à quatre heures du matin, lorsque vous allez lui expliquer que vous souhaitez réveillez tout le monde dans ce port, pour finir votre sauterie.
Après bien des palabres, les seigneurs de la nuit se sont rangés à la raison et ont éteint la musique. Je suis parti me coucher dans ma cabine et l'orgie s'est poursuivie sans musique jusqu'au petit jour.
Ce fut mon premier jour à bord et j'étais déjà exaspéré. J'avais renié mon devoir d'officier en contrevenant à une dizaine de règles maritimes, tout ça pour une bande d'abrutis qui ne connaissait même pas mon abonné, la veille.
Alors oui je sais, ça fait partie du job et on n'a sans doute pas le droit de faire la fine bouche quand on gagne quatre SMIC par mois. Pourtant toute cette fange remuée, ça commence à me peser…
