Je vais être franc d'emblée, comme cela on gagnera du temps.
Il y a cinq voitures que j'aime plus que toutes les autres, et qui sont par ordre chronologique d'entrée en scène à l'échelle 1:1
- la Ferrari 250 GT SWB (ou "Passo Corto") Competizione 1961,
- la Ferrari P4 Le Mans 1967,
- la Porsche 956,
- la Ferrari F40 LM,
- la Ferrari 575 GTC.
C'est une question de goût, donc ça ne se discute pas. Ca se partage, à la rigueur.
J'ai vu rouler les trois dernières un certain nombre de fois, et en particulier la F40 LM que voici:
Châssis n°88520, je le connais par coeur. Il s'agit d'une F40 LM en spécifications dites "IMSA", nous en reparlerons plus bas.
Elle a appartenu à un certain Jean Blaton (dit "Beurly's"), un "gentleman-driver" belge s'étant construit un très joli palmarès en GT et en endurance dès les années '60, la plupart du temps au volant des voitures de l'Ecurie Francorchamps. Il l'a pilotée à de nombreuses reprises sur le circuit de Spa-Francorchamps. Sur la photo ci-dessus (dont je possède les droits, ce qui me permet de la poster sans scrupule!), c'est Pierre Dieudonné qui est à son volant.
Alors pour l'historique, je me suis dit que j'allais vous le raconter avec mes mots, à la suite de nombreuses lectures (je recommande en particulier "F40 da corsa"). La Ferrari F40 de "route" (si on peut dire!) était comme on le sait une voiture extrême conçue pour célébrer les 40 ans du constructeur au cheval cabré. Voiture qui se voulait dépouillée, comme une voiture de course, avant qu'une version (un tout petit peu) plus civile fasse son apparition. Sérié limitée, mais allongée, spéculation ... le "business model" des supercars venait d'être inventé!
Mais il ne faut pas oublier que la F40 dérivait de la GTO Evoluzione, elle-même dérivant de la 288 GTO de 1984, voiture initialement conçue pour la catégorie des "Groupe B", cette dernière étant supprimée à la suite d'accidents et d'incidents graves et trop fréquents, résultat d'une course à la surpuissance.
La F40 n'était donc pas qu'une vitrine spartiate, elle avait en elle des gênes de compétitrice. Bon nombre de personnes rêvaient de la voir courir, mais elle ne correspondait à aucune catégorie active en 1987. Si des F40 sont finalement arrivées en compétition, c'est grâce à l'obstination d'un français, Daniel Marin, président de Ferrari-France, qui finit par arriver à ses fins en 1989 avec le développement de la première F40 de compétition, bien retravaillée avec la complicité de Michellotto, préparateur historique des Ferrari de course en GT. Des essais eurent lieu avec plusieurs pilotes professionnels, dont Jean-Pierre Jabouille et Eric van de Poele, avant que la F40 ne parte disputer ses premières compétitions aux USA, dans la catégorie IMSA-GTO, alors dominée par des Audi 90 Quattro bodybuildées (entre autres). Jean Alesi obtint une remarquable troisième place à Laguna Seca, la deuxième et dernière apparition en course étant à Del Mar, avec Jean-Pierre Jabouille, qui fut accablé d'ennuis, le plus spectaculaire étant l'obligation d'apposer un volumineux et disgracieux extracteur d'air à la sortie des échappements, manipulation imposée par le ... Shériff du coin, la F40 étant jugée trop bruyante!
L'année 1990 arriva, avec jusqu'à deux voitures engagées sur certaines courses du même championnat IMSA-GTO, une seule voiture sur d'autres courses, aux mains de Jabouille, Schlesser, Grouillard et van de Poele ... mais sans être en mesure de lutter efficacement - et surtout constamment - pour le titre.
Ferrari (via Michellotto toujours) put construire une petite vingtaine de Ferrari F40 LM au cours des années suivantes, la plupart d'entre elles rejoignant des collections privées (dont celle d'Albert Uderzo, le "papa" d'Astérix), quelques autres roulant en course, la plus photogénique d'entre elles étant la voiture française du Pilot racing team. Elles participèrent au championnat BPR, sur de courtes courses de 4h, et remportèrent seulement trois courses au cours des saisons 1994, 1995 et 1996. C'est peu, mais on oublie souvent que les F40 étaient alors âgées de plus de 7 ans, face à des McLaren F1-GTR flambant neuves ...
Quelques Ferrari F40 LM participèrent également aux 24 Heures du Mans entre 1994 et 1996, sans grand résultat toutefois. Elles furent rejointes par une évolution un peu plus performante, la F40 GTE, construite à 5 exemplaires seulement.