Les nouvelles aventures du Capitaine Fracass


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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : lundi 3 octobre 2022 à 20h57


Ok il s'est passé un certain temps depuis cette traversée de l'atlantique.

Dans les précédents épisode, je vous avait conté succinctement les suites de mes aventures marines, maintenant voici raconté avec plus de détails, ce qui s'est passé depuis.

Les aventures maritimes du capitaine Fracasse

Avant-propos :

Ce que je livre ici est sans filtre, ce sont les arcanes du monde du yachting, cet univers fermé et secret, autant par tradition que par les closes figurant au contrat d'enrôlement de chaque membre d'équipage.
Ceci n'est pas un journal de bord officiel, j'y ai laissé toute liberté à ma plume, pour exprimer avec mon humour acerbe, mes états d'âmes. S'il m'arrive de manquer de mesure en revanches ce qui est relaté ici l'est sans ajouts fictifs, tout est authentique.
Certains noms de navires de sociétés ou des individus figurants dans ce récit ont été modifiés afin de préserver leur anonymat.

En mission pour la marine nationale sur le MV Loutre.

Si vous voulez mon avis, on n'a jamais le temps de se remettre de son précédent périple avant qu'à nouveau, le téléphone ne sonne pour vous proposer une nouvelle occasion d'aller sillonner les flots.
En principe, lorsque je reviens d'une longue croisière de plusieurs mois, je préfère décliner l'offre, mais cette fois la mission était de courte durée et promettait d'être des plus intéressantes. Il s'agissait d'un remplacement d'une semaine à bord du M.V Loutre, navire de travaux océanographiques de 45 mètres qui partait pour une mission dans les eaux Toulonnaises.
Le Loutre avait été affrété par Narval Corp, une société nationale qui fabrique du matériel militaire naval. Notre mission consistait à tester du matériel de discrétion pour nos sous-marins nucléaires, conjointement avec des bâtiments de la marine Nationale. Je ne suis pas habilité à vous en dire plus.
A nos 23 hommes d'équipage, venaient s'ajouter une douzaine de scientifiques civils, hommes et femmes, qui séjourneraient dans des containers aménagés posés sur le pont. Oui je sais un peu comme des immigrants clandestins, à la différence que ceux-ci profitent de la climatisation, qu'ils peuvent faire usage de nos salles d'eau équipées et qu'ils ont la chance d'être nourris par Gerard notre chef...

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 16h04 par CaptFracass

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : lundi 3 octobre 2022 à 20h57


...
Le salaire d'un capitaine sur un tel navire correspond au quart de ce que je gagnais sur le précédent yacht avec pourtant moins de technicité et de responsabilité. Je précise que sur les yachts, les salaires sont au plus haut de la profession. A ce sujet, j'ai un jour posé la question à un commandant de porte container ; rencontré lors d'une de nos formations sur la sécurité maritime ; « Pourquoi être commandant sur un porte-container de 264 mètres de long, avec un équipage de Croates alcooliques, Argentins illettrés et de Philippins décérébrés ? Pourquoi partir pendant toute l'année à l'autre bout du monde, pour ne rentrer chez soi que quatre semaines par an ? Pourquoi se taper toutes les obligations douanières, les échanges avec les affréteurs, les courtiers en Douane, les compagnies d'équipage, les multiples interlocuteurs du bureau d'armateur, alors qu'un commandement sur un yacht de 50 mètres sera mieux payé pour bien moins de contraintes ?
La réponse fut aussi brève qu'évidente : « C'est un problème d'Ego ». Hé oui, chez les capitaines, la taille aussi ça compte. Pas tous sans doute, pour ma part, dans l'ordre en premier vient l'ambiance à bord, en second le temps libre que me laisse mon job pour profiter de mes proches en trois le salaire.
Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais accepté cette mission. Le sentiment de faire quelque chose qui a du sens, tout en travaillant avec des gens qui aiment leur job.
Sur un navire de travail, c'est ainsi que l'on nomme tous ce qui ne transporte pas des passagers ou des canons, bien que l'on travaille aussi, sur les navires transportant des passagers ou des canons. Certains diront d'ailleurs, que sur un Yacht on transporte des passagers et des canons, mais ces derniers ne font pas toujours des étincelles.
Sur un navire de travail disais-je, l'ambiance et bien plus décontractée. Chacun vacant à ses obligations à un rythme plus nonchalant et sans cette pression permanent imposée par un riche armateur. La bonne humeur est donc de mise et ça se voit au moment des repas pris par quart.
Sur un navire de travail, l'équipage fait les trois huit, chacun ayant une fonction à tenir pendant sa propre journée de travail, c'est ce que l'on appelle le quart. C'est donc toujours le même tiers d'équipage que prend son repas en groupe. En tant que capitaine, j'ai seul le loisir de déplacer mes horaires de travail d'un quart à l'autre.
Mais quel que soit l'heure à laquelle je prends mon petit déjeuner ou mon diner, je retrouve la même convivialité au mess. Les terriens ne disent pas mess, ils disent réfectoire.
Sur le Loutre, tous les grades mangent ensemble et ça me plait, je ne fais pas parti de ces capitaines qui se plaisent à s'isoler dans leur tour d'ivoire. J'aime être au contact de ceux et celles qui font vivre mon navire. J'aime discuter avec eux, apprendre à les connaître, même si je ne vais passer qu'une semaine avec eux. Tisser des liens dans un univers où chacun dépend du courage et de compétences de l'autres, c'est important.
Me voilà donc parti avec ma valise cabine vers de nouvelles aventures.
Je suis arrivé le matin à 7 heures avant tout le monde ou presque, un navire n'est jamais totalement vide. A bord, le second est déjà là pour m'accueillir, il me présente le chef mécanicien et l'un de ses graisseurs. C'est ainsi que l'on nomme les mécanos les moins qualifiés.
Avec eux je fais le tour de ce qui va être mon navire et mon univers pendant sept jours. Ils me font découvrir l'étrange système de géo-positionnement, c'est une nouveauté pour moi.
Le Loutre au départ était un grumier dans les années 70. Il naviguait en Afrique où il transportait des grumes (tronc d'arbres).
Il fut racheté dans les années 80 par la société Var Levage, qui le fit transformer en lui greffant deux pods propulsifs et un système de positionnement inertiel, depuis remplacé par un système géré par un GPS.
La superstructure aussi appelée château est repoussée vers l'avant pour dégager un grand pont, sur lequel sont positionnés plusieurs containers aménagés, soit en dortoirs soit en laboratoires.
Tout à l'arrière un portique équipé de treuils surdimensionnés permet de faire descendre à grande profondeur toute sorte d'équipements.

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 16h08 par CaptFracass

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LittleBen
Jedï d'honneur

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Date du message : lundi 3 octobre 2022 à 22h15


Je vais lire et suivre avec intérêt
Merci Ala… euh … CaptFracass!

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Kcirtap
Sloteur Fou

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Date du message : mardi 4 octobre 2022 à 08h41


C'est toujours un bonheur de te lire

Kcirtap
T'as quel age ? Un vrai gosse...
Mon épouse

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mardi 4 octobre 2022 à 10h08


Merci les amis pour vos commentaires. Bientôt dans ces pages, ne manquez pas la suite palpitante des nouvelles aventures du Capitain Fracass.

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juanjose
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mardi 4 octobre 2022 à 10h39


Encore des aventures très agréables à suivre
Merci au captfracass

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Biohazardnico1
Bargeots

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Date du message : mardi 4 octobre 2022 à 13h40


Il était amarré à la Seyne ce bateau si je ne m'abuse ?
J'avais déjà bien rigolé lors du dernier post sur tes aventures et j'ai hâte de connaître la suite.

Message

christophes
Sloteur Fou

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Date du message : mardi 4 octobre 2022 à 16h39


Vite, vite, la suite....

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mardi 4 octobre 2022 à 19h34


Biohazardnico1 a écrit :

Il était amarré à la Seyne ce bateau si je ne m'abuse ?

Shhhhhhhhhut ! On ne sait pas où il fut amarré, ni même si il s'agit bien du même navire. D'ailleurs est-ce bien un navire ?

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mardi 11 octobre 2022 à 13h51


Maintenant que l'équipage est au complet et que les ingénieurs de Naval Corp. sont enfin tous à bord, nous larguons les amarres et lentement nous nous dégageons du quai. Au risque de vous décevoir, je ne fais rien ou presque, c'est le second qui barre le navire. Il le connait mieux que moi et ce système de propulsion par pods directionnels, n'est pas des plus instinctif, comme j'aurais par la suite, l'occasion de le découvrir.
Le vieux navire s'engage dans la rade de Toulon, sur ma gauche j'aperçois la base navale, avec le Mistral, bordé par deux Frégates. Sur ma droite les chantier ELR, où je livre régulièrement des yachts pour le carénage hivernal. Nous passons devant le quai carburant de la marine nationale, puis nous franchissons la grande digue qui ferme la rade, sous la surveillance du sémaphore.
Pour ceux qui l'ignorent, les sémaphore sont des tours de guet, postées tout autour de nos côtes. Des officiers et sous-officiers de la royale y pratiquent une mission de surveillances de flux, tout en faisant parti du dispositif de sauvetage en mer.
Peu à peu nous forcissons l'allure, alors que le navire commence à tanguer sous l'effet d'une légère houle et j'aime cet effet de balancier. Partir en mer, me donne toujours la sensation de retrouver ma place sur cette planète.

A 13 nœuds, nous mettrons un peu plus d'une heure à prendre position sur le site de notre mission. A cet endroit, le fond est à mille deux cents mètres sous nos pieds et ce n'est pas par hasard que programmons cet emplacement dans notre système positionnement par GPS. Pendant que nous faisions route, le responsable de la mission est venu me voir et m'a expliqué ses besoins. Nous allons devoir mettre à l'eau différents prototypes de revêtements anti-écho. Puis les tester à différentes profondeurs tout en les exposant aux sonars des vaisseaux qui viendrons nous "chasser".
Cependant notre zone de travail est située en plein champ de tir. - Si !
Il y a face à nous une batterie côtière qui sert à la formation des sous-officiers de l'école de Saint Mandrier. Nous sommes donc munis d'une carte sur laquelle figurent les zones dangereuses selon les horaires dans la journée et la semaine et une partie de ma tâche va consister à veiller à déplacer mon navire de zone en zone, selon les impératifs des artilleurs.


La timonerie est plutôt veillotte mais tout à fait fonctionnelle.

Et le travail à proprement parler commence enfin. Mes marins accrochent le prototype désigné par les ingénieurs, sous le portique, puis le descendent à l'eau. Là trois plongeurs vont vérifier les connections et je ne sais quoi d'autre avant que nous laissions le dispositif plonger vers l'abîme. Une heure de descente, puis une pose d'une trentaine de minutes avant de plonger encore plus bas vers la profondeur max, que je ne peux vous livrer ici. Puis des mesures sont faites. Le Surcouf et le Mistral sont venus nous rejoindre et tournent autour de nous.
Après un certain temps nous remontons le tout, changeons de position, pour éviter de nous faire plomber par les élèves artilleurs et recommençons l'opération avec un autre prototype, qui d'ailleurs ressemble trait pour trait au premier.


Nos chasseurs eux ne font pas dans la discrétion.


Le fleuron de la marine nationale en matière de lute anti-sous-marine

Et cette petite routine va s'installer jour et nuit, plonger, puis relever les prototypes, se déplacer, puis recommencer encore. Ce rythme continu à le pourvoir d'allonger le temps et rapidement la semaine donne l'impression de durer dix jours. La fatigue commence à se lire sur les visages des ingénieurs, qui probablement n'ont pas la même rigueur dans la tenue de leurs quarts.
Puis l'un d'entre eux ne se sent pas bien. La fatigue additionnée à un mal de mer chronique, je prends la décision de le faire évacuer. Une navette de la compagnie vient le chercher pour l'amener à terre, il sera pris en charge par l'hôpital militaire et bientôt sur pied à nouveau.

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 14h45 par CaptFracass

Message

CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mardi 11 octobre 2022 à 14h26


La semaine se termine sans autre incident. Tout le monde à l'air satisfait. Notre chef cuisinier nous a préparé un barbecue, où tous, équipage et ingénieurs, partageons pour la première fois la même table, exceptionnellement établie sur le pont de travail. Le soleil brille, l'ambiance est à la fête, l'équipage et nos invités partagent leurs impressions et les plaisanteries fusent, on rit, on boit, modérément, on mange.
Je laisse tout ce petit monde à sa joie, c'est mon tour de prendre la barre et de soulager mon second. Je décide de débrailler le pilote automatique pour découvrir la manœuvrabilité d'un navire propulsé par des pods installés en diagonale.
Pas vraiment simple à manœuvrer, si ce système est parfait pour maintenir un navire sur place quel que soit les conditions de mer, en revanche il est presque impossible d'avancer droit sans le pilote automatique qui corrige en permanence la trajectoire.
J'ai pourtant essayé. De l'extérieur on aurait pu croire que le barreur avait quatre grammes d'alcool dans le sang. Le navire décrit systématiquement une courbe, à droite ou à gauche, moralité plus je corrige et plus je zigzag.

Oui ma là je suis en train de me diriger vers l'entrée de la rade et c'est le moment qu'a choisit l'un de nos sous-marins d'attaque nucléaire pour faire sa sortie. Et comme vous pouvez l'imaginer, le fer de lance de nos forces armées, ne sort pas seul de la rade. Il est accompagné de deux remorqueurs et d'une flottille de semi-rigides, chargés de commandos armés jusqu'aux dents et très, mais alors vraiment très sur leurs gardes !
L'un d'entre eux me contacte par VHF sur le canal 16 et me demande mon intention.
Alors oui je sais, mon navire change tellement de cap, que mon intention ne saute pas aux yeux tout de suite. Et d'un autre côté, inutile d'essayer l'humour avec les militaires, ils n'en n'ont pas.
L'humour demande un minimum d'ouverture d'esprit pour le comprendre et l'ouverture d'esprit n'est pas le premier critère de recrutement dans l'armée. Pour s'en convaincre il suffit d'avoir assisté à un repas de promotion chez des militaires pour en être totalement convaincu. J'ai dans le passé assisté à un certain nombre de repas entre militaires, pour en avoir été un moi-même. D'ailleurs, il semble que dans mon cas ils aient commis une erreur en sélectionnant mon profil... Bref.
Je me suis contenté de leur répondre que mon intention était de regagner mon poste d'amarrage. Juste après avoir reposé le micro de la VHF, j'ai repassé le navire sur pilote automatique.
Une heure plus tard nous étions amarrés à quai. Encore une heure pour finir de consigner mon journal de bord, plier ma valise, nettoyer ma cabine (pas d'hôtesse dans ce navire), puis signer ma fin de contrat au bureau dans le bâtiment longent le quai et me revoilà en route vers chez moi, le sourire aux lèvres ; ce fut une belle expérience.

Merci de tout cœur à l'équipage du Loutre, pour leur professionnalisme, leur bonne humeur, leur accueil sympathique et leur engagement. Ces anonymes font un travail fantastique, ce qui mérite d'être rappelé ici.

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 14h51 par CaptFracass

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theblackt
Lord of the ring

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Date du message : mardi 11 octobre 2022 à 21h47


Toujours un plaisir de te lire Captain

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J89
Jedï d'honneur

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 07h52


Effectivement c'est toujours un plaisir de te lire d'autant que tu es un bon rédacteur .
Merci

L'esprit,c'est comme un parachute, cela fonctionne mieux quand c'est ouvert.

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Biohazardnico1
Bargeots

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 11h00


Petite question;
qu'est-ce donc que ces pods vectoriels ?
sur le plan du bateau rien de spécial à première vue.
(Pour ma connaissance personnelle)

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 14h34


C'est une bonne question. d'autant que le terme exact est : Propulseurs Azimutaux. Est-ce que ça répond à la question? ... Non pas vraiment.
En fait un propulseur azimutal, aussi appelé Z-drive (« transmission en Z », en anglais), est un type de transmission par laquelle l'hélice peut pivoter sur 360° pour permettre des changements presque immédiat et précis de cap. Dans notre cas, les moteurs, au nombre de deux, sont installés dans des caissons poser à même le pont principale et reliés aux l'hélices par deux renvois d'angle, le tout ayant une forme de « Z », d'où le nom. La poussée étant vectorielle, les propulseurs azimutaux permettent de se passer de safran. Le terme de "pods", en fait s'applique à un système équivalent mais ou la propulsion est assurée par des moteur électriques, le plus souvent installés juste derrière l'hélice, et donc immergés dans des coffrages. Les propulseurs azimutaux sont utilisés principalement par les navires ayant besoin d'une grande manœuvrabilité tels les remorqueurs, où sur les navires devant maintenir précisément leur position tels les dragues, navires de travaux océanographiques ou les navires de ravitaillement offshore, devant se tenir en position fixe à proximité d'une plateforme.


Image représentant le principe du Z drive.


Position des deux système Azimuts sur le Loutre. NB, les hélices de propulsion classique à l'arrière, ne sont plus opérationnelles.

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 14h35 par CaptFracass

Message

Biohazardnico1
Bargeots

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 14h43


Ok j'ai compris !!!
c'est uniquement pour garder une position fixe sur l'eau (via coordonnées gps surement)
j'avais vu lors d'un salon des yachts équipés d'un système équivalent je pensais que c'était pour la manoeuvrabilité dans les ports

Message

CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 15h05


Biohazardnico1 a écrit :

Ok j'ai compris !!!
c'est uniquement pour garder une position fixe sur l'eau (via coordonnées gps surement)
j'avais vu lors d'un salon des yachts équipés d'un système équivalent je pensais que c'était pour la manœuvrabilité dans les ports

Oui le Z drive sur les yachts rend les manœuvres plus simples pour le propriétaire qui souhaite barrer son navire. C'est une solution de plus en plus fréquente sur les petits yachts de moins de vingt cinq mètre. En effet le système Z drive de Volvo, est très simple d'utilisation, puisque contrôlé par un Joystick avec lequel il suffit de pointer la direction où l'on souhaite aller. Il est aussi fragile et nécessiterai d'être exploité par un professionel qui sait doser la force imprimée au mécanisme et limite au maximum, les changements de cap et de vitesse intempestifs, qui détruisent rapidement les engrenages. Pourtant ce gadget pousse les armateurs de se passer d'un capitaine et ainsi ne plus avoir à lui verser salaire conséquent. Souvent les problèmes arrivent ensuite et lors du prochain achat d'un navire, le propriétaire reprends un capitaine.
Personnellement, sur un yacht, n'étant pas fan de gadgets, je préfère les lignes d'arbre classiques, plus fiables et tout aussi docile si on sait anticiper le mouvements du navire. Et puis un yacht sans capitaine, ça redevient une simple embarcation de plaisance.
Nous aurons d'ailleurs dans la suite de ce récit, l'occasion de vérifier l'importance d'un équipage correctement formé.

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 15h06 par CaptFracass

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 15h09


P.S Je viens de relire certains passage plus haut, je me rends compte que malgré une relecture, j'avais laissé quelques fautes. Je m'en excuse au près de ceux que pour qui l'orthographe et la grammaire sont encore sacro-saintes et qui souffrent à la vue du moindre participe passé mal accorder. (c'est pour rire)

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : mercredi 12 octobre 2022 à 15h40


Départ pour le désert des tartares.

Il s'appelle Armand, c'est mon ami ou du moins c'est ce qu'il voudrait que je pense de lui. En fait Armand est Broker et son seul ami c'est l'argent. En même temps dans ce milieux l'argent ne manque pas.
Un broker est une sorte d'agent immobilier spécialisé dans la vente et la gestion des yachts, la plus grande majorité d'entre eux sont de méprisable parasites qui font le « beurre » avec l'argent qu'ils détournent de leurs clients à grand coup de commission. Mais comme tout parasite de haut vol, les brokers sont experts en amitié ! Ils savent se faire passer pour votre meilleur pote et sa marche très bien auprès des riches. Une oreille attentive, un petit cadeau par-ci, une invite au restau par-là, un compliment bien placé sur vos gosses et le tour est joué.
Ces gars sont aussi le pire ennemi du capitaine, qu'ils n'hésitent pas à changer régulièrement de peur que ce dernier établisse une relation de confiance avec l'armateur et lui révèle la vérité sur le broker.

Armand était mon ami avant que je n'entre dans la profession, c'était même lui qui m'en avait donné l'idée. Il m'avait aussi promis un job sitôt mon diplôme acquis, mais cette promesse avait attendue dix ans. Toute fois ce soir de juillet lorsque Armand m'a appelé c'était pour enfin m'offrir un travail.
Au départ, la mariée semblait fort belle, l'armateur sur le point de m'enrôler, était propriétaire d'une célèbre écurie de monoplace, Fan d'aviation, il possédait selon ses dires, cinq avions et deux hélicoptères, il était multi millionnaire et l'armateur de cinq navires.

Ça s'annonçait bien pour moi, ancien de l'armée de l'air, pratiquant occasionnel de sport auto et à la recherche d'un armateur avec lequel je pourrai enfin bien m'entendre.
Le premier contact fut comme un coup de foudre entre nous, nous avons trois heures durant parler de voitures d'avions et de bateaux, mais assez peu de ce qu'il attendait de moi de salaire ou de mes qualifications.
Il avait de grands projets, nous devions faire construire un 40 mètres pour y installer un hélico et un sous-marin. Puis nous irions par courir la méditerranée à la recherche de ses épaves les plus célèbres : l'avion de St Exupéry, le B17 de la baie d'Ajaccio où le Britannic, sister-ship du Titanic.
Oui ; Mais...

Mais avant il me faillait traverser le désert de Tartares. Pour quiconque à lu le livre de Dino Buzzati, cette simple référence au désert des Tartares, ne peut qu'augurer que de sinistres horizons. Pour les autres, laissez-moi vous en deux ligne ce que raconte cet excellent récit. C'est l'histoire de Giovanni Drogo, jeune lieutenant, est nommé au fort Bastiani situé dans un endroit désertique à la frontière nord du pays, à la limite d'un désert où, depuis très longtemps, des ennemis n'ont plus attaqué. Drogo, va passer sa vie dans ce fort usant sa santé, renonçant à l'amour ou une vie normale, attendant la venue hypothétique des Tartares, et comble de l'ironie du sort, le jour ou malade et vieux, il quitte enfin le fort, c'est pour rater le retour de l'ennemi et cette bataille qui lui eut offert cette gloire tant attendue. Ce roman traite de la fuite du temps, de la futilité du système militaire en temps de paix, de ce que la gloire offre d'éphémère et de l'injustice du destin quand celui-ci n'est pas orchestré par l'auteur d'un roman, mais le seul fruit du hasard.
Mon Fort Bastiani s'appelait Lady Iseut, du moins c'est le nom que je lui donnerai ici. Lorsque pour la première fois Armand m'amena voir le M/Y Lady Isseut, en plaisantant il me dit, j'espère que tu ne va pas partir en courant comme l'avait le précédent capitaine à qui on l'a montré. Et je ne me suis pas enfuit, j'aurais dû !

Message modifié le mercredi 12 octobre 2022 à 16h00 par CaptFracass

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CaptFracass
Jeune Padawan sloteur

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Date du message : jeudi 13 octobre 2022 à 16h41


Si à première vue le Lady Iseut, juché sur son ber au milieu de ce chantier miteux, n'est pas très différent d'un autre yacht, à y regarder de plus près, c'est une quasi-épave. Son précédent capitaine, y a sévi durant une dizaine d'années. Ce fut son premier et dernier commandement. Au départ une aubaine pour ce jeune officier, débrouillard et travailleur. Mais avec le temps, les absences répétées du propriétaire ont fait place à l'ennui et l'ennui à fait place à la paresse. Puis peu à peu, le capitaine c'est pris à croire que le navire lui appartenait. Il l'a loué à son seul bénéfice, puis y a invité des filles, organisé des fêtes et même un logement clandestin pour immigrés des pays de l'est. Peu à peu, les entretiens se sont espacés et le navire a commencé à sombrer dans la déchéance, le capitaine ayant développé une relation intime avec l'alcool. Un matin le boss, l'avait trouvé là dans le salon, a demi endormi, entouré de bouteilles vides et de pièces de motos éparses.

Il avait été viré et le bateau mis à sec dans ce chantier réputé sur toute la Côte, pour y être un cimetière de navires.
Lorsque je suis arrivé, des ouvriers, chargés de le remettre en état étaient affalés sur la banquette de la plage arrière, entrain de plaisanter, de fumer et de boire des bières. Le broker à convaincu notre armateur de déplacer le yacht dans un autre chantier.
Pour ma part, je suis parvenu à orienter le choix du chantier vers ONS, avec lequel j'ai déjà souvent travaillé et dont les compétences ne sont plus à mettre en doute. Cela aura demandé un mois avant de pouvoir remettre ce rafiot dans l'eau et un autre mois avant de le rendre propre à une navigation de trois heures, de St Louis du Rhone à La Seine sur mer à l'entrée de la rade de Toulon.

Chaque jour il m'a fallu courir après les ouvriers pour les convaincre de venir finir leur travail. J'ai appelé jusqu'à six fois par jour, mes fournisseurs pour qu'ils daignent me livrer mes commandes. Et j'ai dû patienter encore, que l'administration de l'armateur daigne faire le nécessaire aux près des autorités maritimes pour que nos documents soient en règle.


Le Lady Iseut juste avant la traversée.

Pour des raisons évidentes de sécurité, j'ai décidé de faire la traversée qu'à deux, avec mon ami Nono. Il est chef mécanicien sur un trente-huit mètres et c'est l'un des meilleurs que je connaisse. Ancien bosco du Belém, c'est un gars que rien ne déstabilise, ni le mauvais temps, ni une voie d'eau, ni un incendie. A toutes ces crises, il répondra par un sourire et une petite blague du genre : « - C'était pas notre jour ». Avec Nono, je me sais en sécurité. Quoi qu'il advienne, il n'y aura pas de crise de panique, juste une saine réaction, immédiate et adaptée.
Enfin, avec deux heures de retard dues aux imprévus de dernières minutes, nous larguons les amarres ce matin-là. Nous nous engageons dans le long chenal qui nous mène vers la baie de Fos, munis d'un nombre important d'extincteurs tous réunis dans le salon, de deux radeaux de survie neufs et d'une dérogation nous autorisant à naviguer dans ces conditions. Des vibrations anormales ne nous rassurent pas sur la fiabilité de nos moteurs de propulsion. La moitié des instruments du bord ne fonctionnent plus. La coque est fragilisée par un précédent choc qui devra être réparé au chantier. L'armateur est prévenu, nous ne pouvons lui assurer que le navire arrivera saint et sauf à destination (1). Après une heure, nous entrons à proprement parler dans la haute mer, sans nous éloigner des côtes de plus de trois nautiques (environ cinq kilomètres et demi). Nous avons de la chance, la mer est belle et la houle ne dépassera pas les 1 mètres de creux prévus par la météo marine.

A dix-sept heures, le lance mon appel vers le sémaphore de Toulon pour demander l'autorisation d'entrer en rade. Puis une demi-heure plus tard, nous voilà en vue de la darse du chantier. Sur le quai je reconnais Enzo, le directeur et mon ami de longue date et Anthony notre Project manager, l'ingénieur qui va nous assister tout au long du chantier qui s'annonce pour le moins long.
La mission est terminée en ce qui concerne Nono, je lui serre la main et le regarde partir avec regret, pour la suite je reste seul...

(1) Je sais que certains à cette lecture se dirons que je dramatise beaucoup. La suite nous prouvera le contraire.

Message modifié le jeudi 13 octobre 2022 à 16h46 par CaptFracass

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