Le M.A.M.M s'offre la Mustang du Film Bullit

J'ai fait, il y a quelques semaines, l'acquisition d'une Mustang Fastback 68 de Pioneer avec l'intention d'en faire une version Bullit. Et vous me direz que cette version a déjà été produite par Pioneer. Oui mais c'était il y a déjà quelques années et les prix du modèle d'occasion ont flambé. De plus les exemplaires en question reproduisent la Bullit neuve telle que sortie de l'usine. Mais comme ma Bullit est destinée à être exposée au Musée du Manoir de l'Automobile de Mougins, (le M.A.M.M pour les initiés), je la veux telle que l'original se présent aujourd'hui, c'est-à-dire dans son jus.

Tout à la préparation de l'autre mustang du Musée, celle qui va défendre nos couleurs à la Proxi 2022, j'avais laissé de côté le projet Bullit. Oui mais voilà qu'hier, en me rendant à mon travail, j'ai croisé devant le port de Mandelieu une Bullit 2018 avec sa livrée Dark Highland Green et sa calandre dépourvue de Logo. Cette fois Ford l'a équipée d'un V8 de 464cv d'une boite manuelle à six vitesses et d'un châssis presque à la hauteur de nos GT européennes. Du coup j'ai eu une furieuse envie de me lancer dans ce projet.

Tout d'abord il faut revenir sur cette icône du cinéma Américain, le Graal absolu pour un collectionneur de voitures américaines, La Mustang Fastback 68 du Film Bullit.
Le Modèle en question est équipé d'un V8 de 390 ci (6,4ltr) développant la respectable puissance de 320cv, capable à l'époque de couvrir le 400m départ arrêté en 15 secondes. L'indispensable boite manuelle à quatre rapports, qui permit à McQueen de nous faire vivre chaque changement de rapport avec un double débrayage, complète le côté sportif de l'auto. Pour les besoins du film on a renforcé les suspensions, les amortisseurs et la barre antiroulis.

Très bien mais tout ça ne vous dit pas pourquoi cette voiture tient une telle place dans l'histoire du cinéma. En fait avant le Film éponyme, les poursuites au cinéma se limitaient à un acteur ou deux assis dans une voiture, installée dans un studio, face caméra avec un film projeté sur un écran en arrière-plan simulant la route qui défile. Le tout entre-coupé de scènes tournées en extérieur et le plus souvent en accéléré. La poursuite entre l'Aston DB5 de James Bond et les Mercedes 190 des méchants dans « Goldfinger » en donne une bonne idée. Dans « Y a-t-il un pilote dans l'avion ? » le réalisateur force le trait en faisant référence à cette période du cinéma, voir ci-dessous.

Mais McQueen, avec la passion de la course vissée au corps, veut tourner une poursuite qui soit la plus réaliste possible. Peu de temps au paravent, un réalisateur Britannique nommé Peter Yates a filmé dans les rues de Londres, ce que Steve s'attendait à voir dans son film. Il s'arrange donc pour que la Warner embauche Yates et lui confie la réalisation de Bullit.

Bien que la fameuse scène de poursuite, qui dure onze minutes, se termine presque une demi-heure avant la fin du film, la production a insisté pour qu'elle soit tournée en dernier. Les pontes de la Warner craignaient que S. McQueen ne se blesse ou même pire pendant le tournage. Il faut rappeler que c'est bien l'acteur qui se tient derrière le volant pour tous les plans rapprochés. Pour les cascades les plus difficiles, il est remplacé par son ami cascadeur Bud Ekins.

Si vous regardez la séquence, vous remarquerez que les scènes tournées de l'intérieur de la voiture son filmées à partir de la banquette arrière. Lorsque l'acteur est au volant on peut voir ses yeux dans le rétroviseur. Lorsque c'est le cascadeur qui est aux commandes, on n'aperçoit que sa bouche.

Au départ la ville de San Francisco avait donné l'autorisation pour le tournage, à condition que les autos ne dépassent pas les 55 km/h. En fait elles font des pointes à plus de 110 km/h en ville et 180 sur la rocade.

Contrairement au film « Le Mans », Bullit fut un succès planétaire ; ce que l'on doit en grande partie à cette poursuite, qui marque un tournant dans l'histoire de cinéma. A compté de cette date, les poursuites automobiles seront une séquence importante dans un film d'action et seront tournée avec la méthode « Bullit ».

Ford a Fourni deux autos pour le tournage. Elles avaient une préparation Shelby, mais les voitures ciglées par le préparateur Texan étant hors budget pour un inspecteur de police, par soucis de réalisme McQueen à fait retirer tous les sigles Shelby. De plus, n'ayant pas trouvé d'accord commercial avec Ford, McQueen, moins cool que la légende le prétend, il ne les fit pas remplacer par des sigles Ford.

Lorsque le film fut achevé, les voitures furent cédées à des membres du tournage. Puis dans le désintérêt général, furent oubliées de tous.

http://www.ponysite.de/bullittnews-7.htm

L'une d'entre elle fut retrouvée dans un casse au Mexique. Achetée par des amateurs éclairés, elle fut entièrement restaurée. C'est d'ailleurs cet exemplaire que conduit la petite fille de Steve, dans une pub pour la nouvelle Mustang Bullit millésime 2019.

Avant

Après

L'autre passée de main en mains fut cédée par l'employé de la Warner à un policier du New Jersey qui la revendit quelques années plus tard à Robert Kierman et ce dernier en fit sa voiture quotidienne. En 1977 Steve McQueen ayant retrouvé le propriétaire par l'entremise d'un détective privé, lui offre d'échanger sa Mustang contre une neuve toute option. Mais Kierman refuse. L'acteur meure en 1980, sans avoir pu récupérer sa Mustang. En 1981 l'embrayage finit par lâcher et son propriétaire va la remiser la vielle gloire dans une grange. L'auto va peu à peu sombrer dans l'oubli jusqu'à devenir une légende. Chad McQueen, le fils de Steve, va même lancer une chasse au trésor sur le net : Finding Bullit, avec prime à l'appuis. Sans succès.

En 2014 le propriétaire décède et son fils décide d'enfin de révéler au monde, qu'il détient le Graal tant convoité.
Bien qu'à l'époque il est affirmé ne pas vouloir s'en séparer, le 11 janvier 2020 elle est vendue, aux enchères, dans son jus avec seulement 65 000 miles au compteur, pour la somme de 3,7 millions de dollars. Une belle plus-value, lorsque l'on sait que Robert Keirman l'avait achetée 6000 dollars en 1970 !

Et devinez où cette Bullit va finir… Gagné ! Pour celui qui vient de répondre là dans le fond. Il y en a au moins un qui suit. Au Musée du Manoir Automobile de Mougins, plus connu sous l'acronyme le M.M.A.M.
Pas question d'exposer une Bullit entièrement restaurée, nous avons préféré le modèle stigmatisé par l'usure du temps et son usage intensif lors du tournage.

Eh bien le M.A.M.M. a bien raison de s'offrir de belles voitures et il a bien de la chance que son président-conservateur-préparateur ait lancé ce projet!

Magnifique , merci Alain

Superbe historique venant compléter les quelques informations dont je disposais.

Absolument excellent !!!!!!!!!!!!
La belle histoire pour une belle légende...
:)

Merci les amis. De retour chez moi ce weekend, je complèterai par des explications avec photos de la restauration.
Je ne sais pas si démonter une auto pour la vieillir, on peut appeler ça une restauration.
Le terme serait plutôt une dérestauration, ou alors une stauration ou encore une anti-restauration, une rats'tauration, voir une restauration inversée.

La Bullitt une 350 Shelby ?

Oui, je confirme d'après les infos récoltées, une 500GT 68. Comme le moyeux du volant l'atteste ;

Très beau projet mon cher je vois que tu as craqué celle de 2022 est proche du terme ?

theblackt a écrit :

Très beau projet mon cher je vois que tu as craqué celle de 2022 est proche du terme ?

Mais alors pas du tout ! J'étais arrivé à un résultat plus que satisfaisant, puis j'ai voulu aller encore plus loin. En effectuant de nombreuses heures de roulage sur du Ninco, j'ai finit par user mes pneus jusqu'à ce que le châssis touche parterre. En voulant éviter que ça ne se reproduise, j'ai bousillé mon châssis de façon irréversible.
En même temps ce n'est pas très grave, l'auto était rapide mais très pointue à piloter. Hors mon cahier des charges précise : Une auto rapide et docile.
Moralité, je repars d'une page blanche avec un projet inusité. Pas de doute je serai seul à rouler avec ce choix de motorisation.
Mais ayant commandé un nouveau châssis et les pièces qui vont avec, j'avais un peu de temps avant leur réception pour me lancer sur le projet Bullit.

Petite précision, la légende raconte que Steve McQueen, ait tout tenté pour récupérer sa Mustang Bullit.
La réalité est plus mitigée ; si il a en effet envoyé plusieurs lettres insistantes au propriétaire de l'auto, l'acteur était soit pas si pressé de récupérer son trésor, soit trop pingre pour y mettre les moyens, comme en témoigne la copie de la fameuse première lettre envoyée au dernier propriétaire de la voiture.

La dernière phrase : I would be happy to try to find you another Mustang similar to the one you have, if there is not to much monies involved in it.
Otherwise, we had better forget it.

Traduit littéralement ça donne : Je serais ravi d'essayer de vous trouver une autre Mustang similaire à celle que vous possédez, s'il n'y a pas trop d'arjan dedans.
Sinon, nous ferions mieux de l'oublier.

Ce qui nous apprend trois choses sur le King of cool ; Un, qu'il est nul en grammaire et orthographe anglaise. Deux, qu'il a des oursins dans les poches. Et trois, qu'il prends les autres pour des imbéciles. En clair il propose d'échanger une vulgaire Mustang d'occasion contre la plus célèbre de toutes les Mustang, une véritable Icone, à condition que la seconde voiture ne coute pas trop chère, sinon on oubli le deal. Ben c'est ce qu'a fait M. Kiernan, qui a tout simplement oublié de répondre non merci.

Dans la Mustang il n 'y a que le volant qui est Shelby .
Les modifications sont limitées a des Kony , un échappement simplifié , le montage d 'accessoires , volant et jantes comme pouvait le faire a l ' époque un amateur avec comme ,
tu le dit , un salaire de flic .
Dé-badgage pour cause de désaccord financier avec Ford et " déchromage "

DART1973 a écrit :

Dans la Mustang il n 'y a que le volant qui est Shelby .
Les modifications sont limitées a des Kony , un échappement simplifié , le montage d 'accessoires , volant et jantes comme pouvait le faire a l ' époque un amateur avec comme ,
tu le dit , un salaire de flic .
Dé-badgage pour cause de désaccord financier avec Ford et " déchromage "

Ca ne correspond pas à mes sources, mais je vais essayer de les confirmer.

Après une vérification approfondie du compte rendu de la vente aux enchère pendant laquelle la Bullit à été vendue, il s'avère qu'il s'agit d'une GT390, toute simple et n'on d'une Cobra 5OOGT. Bravo Dart pour ton expertise et mes excuses à nos lecteurs pour cette méprise.
Par ailleurs les version Shelby sont notablement différentes. la Capot est allongé et doté de deux prises d'air. Deux autres prises d'aire sont installées sur le custodes, Les feux arrière sont empruntés à la Ford Thunderbird, la Calandre est plus ouverte.

Si Shelby était doué pour produire et vendre des autos performantes, en revanche question style, la finesse faisait pas partie de ses priorités. on peut dire qu'il avait des goût de paysan texan.

Et encore la Shelby 500gt KR de 69 , vraiment là
En vérifiant moi aussi les sources , j'ai appris que les séquences alternent une voiture avec un rétro extérieur et une sans !
Qui veut revoir le film et confirmer ?

Même pas besoin de revoir le film
sur la photo ou steve monte dans la voiture , pas de rétro
les autres durant la poursuite , rétro

Pour ma part, cell que je suis en train de reproduire et celle qui avait sont rétro.

…Donc avant d'aller rejoindre les autres stars de la collection elle va passer par la case vieillissement, aussi je me propose de partager avec vous mes méthodes en la matière.

L'auto neuve tout juste sortie de sa boite.

Première étape on démonte l'auto, châssis, intérieur, pare-chocs et vitres

La deuxième étape consiste à réunir toute la doc photo possible, pour coller au plus près à la réalité.

https://www.youtube.com/watch?v=P9LvhFoorrE

Etape suivante on ponce toute l'auto avec une éponge à poncer ultra fine. On rince à l'eau claire et on laisse sécher.
Quatrièmes on peint avec un apprêt couleur rouille, ce faisant on fait d'une pierre de coup évitant de poser un apprêt puis de peindre couleur rouille. C'est toujours un peu de poids et d'épaisseur de gagné. 5désolé, lors de ces étapes, j'ai oublié de prendre des photos)

Maintenant, ça devient sérieux, on passe une couche et une seule de Vert « Dark Highland Green » le vert authentique de la Mustang Bullit. On laisse sécher et on passe un très léger voile d'apprêt couleur rouille aux endroits stratégiques.

On laisse sécher 24 à 48 heures. On vernis d'abord, pour faire ressortir la teinte et encore 24h de séchage. Puis on ternit toute la surface avec une éponge magique pour casser le brillant. Avec l'éponge à poncer on revient sur les parties rouillées pour faire apparaître la rouille sous la peinture.

On arrive à ce résultat, NB pour obtenir la démarcation sur l'aile avant gauche, semblable à la vraie voiture, j'ai posé un morceau d'adhésif de masquage.

Regardez le détail de l'aile avant gauche.

Maintenant il s'agit de regarder point par point les détails sur les photos de la vraie et les reproduire à l'aide des feutres peinture chrome et rouille.

Le Matos nécessaire à la réalisation de ce scratch : Une Bombe de vert correspondant, une bombe d'apprêt rouille, une bombe de vernis incolore brillant, un éponge à poncé grain fin, une éponge magique, et le feutres couleur rouille et chrome. Plus tard nous allons avoir besoin de vernis Tamiya incolore mat et de chocolat en poudre. (Non crétin ce n'est pas pour se faire un chocolat chaud !)

On peut reposer les vitres et les pare-chocs.

A suivre...