Bibliographie : 24 heures du Mans – ACO – tome 1 (1923-1959)
Iconographie : lemans-history.com
24H du Mans 1951 – 19e édition – 23-24 juin
Partants : 60 – Classés : 29
Fini, ou presque, le cocktail avant et après guerre. Avec, en ligne pour la victoire, Ferrari, Jaguar, Cunningham, Allard, Healey voire Aston Martin, les teams modernes ont vraiment commencé. Trait d'union entre les deux époques, les Talbot tentent bravement de résister. Une au moins pourra s'intercaler en terminant deuxième. Car avec, notamment, la présence des gros V8 américains équipant les deux Allard et les trios Cunningham, la moyenne des cylindrées est à la hausse. La preuve ? Bien que disposant de moteurs de plus de 4 l, toutes les Ferrari sont, au départ, refoulées derrière douze de leurs rivales.
A noter la participation pour la première fois d'une Porsche, la 356 n° 46 engagée par Ferry Porsche avec l'aide de son ami Auguste Veuillet. Ce dernier et Edmond Mouche emmèneront la voiture et son petit 1100 cm3 en tête du classement des 751-1100 cm3, ouvrant par là un incomparable palmarès.
Pour revenir aux favoris, afin de tenter d'endiguer le flot des nouveautés étrangères, seul le camp Talbot peut donc, a priori, espérer. Delage n'est plus là, l'unique Delahaye n'est qu'une ancienne voiture client, mais, avec quatre T 26 GS plus la mono décalée (2ème l'année précédente), la marque de Suresnes n'entend pas se résigner. Par son départ canon, José Froilan Gonzales entend bien le prouver. L'illusion est de courte durée. Au stand Jaguar, Lofty England a déjà lancé son joker : il n'a pas encore 21 ans et s'appelle Stirling Moss. En cinq tours, il a déjà battu trois fois le record et quand, après huit heures au moins d'une chevauchée solitaire, la Jaguar n° 22 s'arrête, essoufflée, la n° 21 est là pour prendre le relais. Chez Talbot, ni l'ardeur de Fangio, ni l'obstination de Gonzales, n'y pourront rien changer, même si, à mi-course, six voitures et six marques différentes occupent les six premières places.
Avec sept, puis huit, puis neuf tours d'avance, Peter Walker et Peter Whitehead ne seront plus dérangés.
C'est qu'en moins d'un an, à Coventry, on a beaucoup travaillé. Pendant que Bill Heynes dessinait un nouveau châssis tubulaire, Harry Weslake a encore affûté le 6 cyl. des prometteuses XK 120 qui, avec ses 3,4 l, atteint maintenant 200 ch. Le tout a reçu une jolie carrosserie profilée : la XK 120 C (pour Competition) est née et déjà sérieusement essayée.
Certes, deux des trois nouveautés ne peuvent rejoindre l'arrivée, mais jamais la survivante n'a été contrariée. Elle aussi, pourtant, fut rondement menée, comme en témoignent les records battus cette année-là.
Moss n'a mis que 4'46''8 pour couvrir les 13,492 km du circuit (6''7 de moins que Rosier et sa Talbot T 26 C GS l'année précédente) alors qu'à la distance, et malgré les 16 heures de pluie, Walker-Whitehead passent les caps des 3500 km et des 150 de moyenne.
C'est donc cette Jaguar XK 120 C n° 20, pilotée par Peter Whitehead dont voici une photo, que j'ai choisie de reproduire.