Imprimer les messages du sujet "Les Aventures du Capitaine Fracass, nouvelle saison."


Imprimer cette page Fermer cette fenêtre

Posté le 22/05/2023 à 17h41 par lpmc6622

Louise a écrit : Je ne sais pas pourquoi mais son nom me fait penser au "Jenny" dans Forest Gump

Il m'est venu la même vision, sans doute à cause du nom : Bubba Gump Shrimp Company.

Posté le 22/05/2023 à 17h47 par pepe_plus

lpmc6622 a écrit : Il m'est venu la même vision

Bernadette sort de cette grotte !!!

Le slot ça rend fou !!!

Posté le 22/05/2023 à 22h34 par CaptFracass

En fait C'est exactement le même type de navire. Pink Shrimp, la Crevette rose, a commencé son existence en tant que navire de pêche à la crevette, puis après dix ans de bon et loyaux service il fut racheté par Jean Setton, qui lui a fait subir une complète reconversion en yacht, avec une profonde remise en état. C'est un navire solide et spacieux. mais très lent, 9 nœuds en vitesse de croisière, onze à fond de machines, ce que d'abord ce genre de moteur déteste. Il pèse trois cent tonnes et est mû par deux moteur de 600ch, ridicules pour cette taille, mais ils sont coupleux et fiables.
Promis je ferai de belles photos, si j'en ai le temps.

Posté le 22/05/2023 à 23h59 par cheetah31

Ça serait pas plutôt Jacky setton. Son bateau était skippé par Stanislas Dribaux , non ?

Posté le 23/05/2023 à 01h39 par freinetroptot

Oui c'est ça Jacky fils de joe pas de jean là dedans

Posté le 23/05/2023 à 20h59 par CaptFracass

cheetah31 a écrit : Ça serait pas plutôt Jacky setton. Son bateau était skippé par Stanislas Dribaux , non ?

Je n'en sais rien, je n'ai connu ni l'un ni l'autre. L'actuel armateur est le proprio depuis près de dix ans, je l'ai d'ailleurs rencontré aujourd'hui, ça n'a pas eu l'air de coller entre nous. Je n'aurai sans doute pas le poste. Ce n'est pas si grave d'autre offres arrivent.

Posté le 24/05/2023 à 08h14 par cheetah31

CaptFracass a écrit :
cheetah31 a écrit : Ça serait pas plutôt Jacky setton. Son bateau était skippé par Stanislas Dribaux , non ?

Je n'en sais rien, je n'ai connu ni l'un ni l'autre. L'actuel armateur est le proprio depuis près de dix ans, je l'ai d'ailleurs rencontré aujourd'hui, ça n'a pas eu l'air de coller entre nous. Je n'aurai sans doute pas le poste. Ce n'est pas si grave d'autre offres arrivent.

Ca ne m'étonne pas du tout .
J'ai travaillé pour Jacky Setton , du temps de Pioneer il y a .... pfft , me rappelle plus .
Au bout de 3 ans et devant l'impossibilité d'avoir des rapports humains "normaux" , j'ai jeté l'éponge .
A l'occasion je te raconterais ce triste sire ...et ses manières .

Posté le 25/05/2023 à 12h22 par CaptFracass

cheetah31 a écrit :
CaptFracass a écrit :
cheetah31 a écrit : Ça serait pas plutôt Jacky setton. Son bateau était skippé par Stanislas Dribaux , non ?

Je n'en sais rien, je n'ai connu ni l'un ni l'autre. L'actuel armateur est le proprio depuis près de dix ans, je l'ai d'ailleurs rencontré aujourd'hui, ça n'a pas eu l'air de coller entre nous. Je n'aurai sans doute pas le poste. Ce n'est pas si grave d'autre offres arrivent.

Ca ne m'étonne pas du tout .
J'ai travaillé pour Jacky Setton , du temps de Pioneer il y a .... pfft , me rappelle plus .
Au bout de 3 ans et devant l'impossibilité d'avoir des rapports humains "normaux" , j'ai jeté l'éponge .
A l'occasion je te raconterais ce triste sire ...et ses manières .

Oui, ben son successeur aussi est un C... L'entretien ne c'est pas bien passé, Selon lui, j'ai trop changé de poste au cours e ces dernières années. C'est vrai, mais comme vous aurez l'occasion de le découvrir dans mes récits, le plus souvent c'est de la faute d'un armateur malveillant. En tout cas, je n'aurai pas le poste. Pas grave, on repars vers d'autres aventures.

Posté le 05/07/2023 à 23h02 par CaptFracass

Désolé de vous avoir fait attendre si longtemps pour une suite toute fois pas si surprenante que les précédents épisodes. Désolé, j'ai ces temps-ci été plutôt accaparé par la suite de mes aventures maritimes qui cette fois sont plus palpitantes.
Il faut pourtant que je vous finisse l'histoire du Jason.

J'avais donc pris un peu de retard sur notre itinéraire quittant Calvi avec deux jours de retard, autant pour laisser à Joël le temps de faire ses réparations, que parce que la météo ne m'inspirait rien de bon.
Nous voilà donc enfin partis pour Ajaccio, la traversée se faisant entre deux coups de vent. Lorsqu'en arrivant à destination je me suis rendu à la capitainerie du port pour me présenter et remplir les obligations administratives, dans la discussion, j'appris que la veille une tempête avait soufflé jusque dans le port, poussant certains yachts à heurter le quai, ce qui cause le plus souvent de graves dommages. La même nuit ce fut au tour de Calvi de subir les affres des changements climatiques.
Mon secret pour prévoir la météo… Un pack de Petra, la bière locale sous le bras, je vais rencontrer les pêcheurs du coin. Encore une fois les Corses sont des gens aimables et des plus sociables lorsque l'on sait garder sa place. Et les pêcheurs Corses en savent plus sur la météo locale que n'importe quel expert climatologue du Continent. De plus, contrairement à d'autres membres de la corporation ailleurs dans le monde, ils sont de bonne compagnie et pas avares de conseils.


Port d'Ajaccio

Et où tu vas ensuite ? Me demande Ange, un gaillard d'une cinquantaine d'année.
- Propriano, répondis-je sur le ton de l'incertitude.
Attends deux jours avant d'y aller, mais ne reste pas la nuit à l'ancre, ça va surement se lever pendant la nuit.
J'ai pour principe de suivre les conseils qu'on me donne lorsque j'en fais la demande. J'ai donc encore une fois contrarié les plans de mon sympathique armateur, en retardant notre d'épart d'une journée et en refusant de rester la nuit à l'ancre.


La Baie de Propriano

Grand bien m'a pris, cette journée à Propriano avait bien commencée, la brise était légère et le ciel dégagé. Nous avons mis le cap sur Bonifacio vers 15 heures, mais sur le coup des seize heures alors que nous étions à mi-chemin le vent a commencé à se montrer menaçant. C'est là que j'ai mesuré ma chance d'avoir pour une fois, un armateur qui se fiait à mes intuitions. Oui plutôt les intuitions des pêcheurs locaux. Encore merci les gars.
Lorsqu'enfin j'ai pu entrer dans le port de Bonifacio, le vent soufflait par rafales jusqu'à trente nœuds.
Les gorges de Bonifacio, sont l'un des quatre endroits les plus saisissant de toute la méditerranée, avec la baie de Mahon à Minorque, l'entrée du port de La Valette à Malte et le canal de Corinthe.
Désolé pour Capri, Bodrum, Split, les Cinq terres et les autres…


Le Port de Bonifacio

Oui mais pour en revenir à ce superbe port Corse, les gorges portent bien leur nom ; Bonifacio, est encaissé au fond d'un fiord étroit, bordé par deux grandes falaises, dans lequel le vent s'engouffre avec fureur les jours de mauvais temps. Si l'abri est sûr, s'y amarrer se mérite.
Jamais, dans toute ma carrière, je n'avais autant bataillé pour faire entrer un navire dans sa place. Après quinze minutes d'efforts, à vouloir faire pivoter de 90° mon vaisseau de seulement trente mètres face à sa place ; j'ai dû me rendre à l'évidence, ni les moteurs, ni le propulseur d'étraves n'aillaient se montrer plus fort que les éléments. A chaque tentative, je dérivais si vite que je manquais de heurter les autres navires, déjà solidement arrimés de part et d'autre du mien. De plus une fois sur deux un des deux moteurs callait. Mais maintenant Joël et moi étions rodés à l'exercice et nous étions capable de redémarrer dans les secondes qui suivaient.
D'autre part le chenal d'accès à cet endroit ne fait guère plus de 45 mètres de largeur, ce qui me laisse 7.5 mètres à l'avant et autant à l'arrière du Jason pour manœuvrer. Par beau temps serait largement suffisant. Là dans de telles conditions, ça devient plus que juste, d'autant que les navettes à touriste se faufilent autour de moi dans une totale négation des règles les plus élémentaires de la navigation.


La place pour manœuvrer par mauvais temps est plus que limitée.

Posté le 05/07/2023 à 23h16 par CaptFracass

...Voilà 15 minutes que je frôle à chaque instant la collision sans parvenir à positionner mon yacht en face de sa place pour pouvoir y reculer et m'y amarrer.
Mais que faire, je ne peux pas non plus ressortir du port, pour affronter une tempête qui s'annonce séculaire. Une idée peu académique me vient ; je vais reculer jusqu'à un endroit du bassin plus large. De là, en poussant les moteurs, je vais pouvoir sans risque faire pivoter mon navire à 180°. Ensuite j'avancerai la poupe face auvent jusqu'à ma place. Dans cette position, il me sera plus facile de faire pivoter le Jason face à sa place…
Quand enfin je me présente devant la place, il me faut encore manœuvrer contre toute recommandation avec rapidité, presque brutalement, parce que mon navire dérive vite.

Trente-cinq minutes se sont écoulées depuis mon entrée dans le port, lorsqu'enfin amarres à post, je peux mettre au repos mes moteurs. Mes passagers, soulagés, ayant assisté à toute la manœuvre applaudissent.
Je leur demande poliment d'arrêter, ces ovations vis-à-vis pourraient laisser à penser aux équipages des yachts voisins, que mon armateur est surpris de me voir réussir une telle manœuvre, alors que je n'ai fait que mon travail.
Au passage les réparations de Joël n'ont pas tenue. Ça ne surprendra pas ceux qui ont quelques notions de mécanique. Tenter de colmater un tube d'inox de 40 cm de diamètre avec un « pansement » de fibre de verre de 25 cm de côté, ne peut pas tenir.
D'abord parce que pas grand-chose ne colle sur l'inox et ensuite parce qu'avec la chaleur le métal se dilate et la résine se contracte. Donc cela induit un effet de cisaillement plutôt néfaste à l'assemblage.


Lorsque l'on est face à un ciel tel que celui-ci, inutile de consulter la météo, courez vers l'abrît le plus proche.

Cette nuit là un ami à moi, dont le catamaran était amarré à Propriano n'a échappé à un fracassant naufrage dans les récifs, que parce que sont ancre qui ne tenait pas face à la force des éléments, s'est enfin coincée dans un rocher, alors que sont voilier n'était plus qu'a quelques mètres des écueils.
Après la tempête il à mis son annexe à l'eau et a été porté secours à plusieurs embarcations en difficulté.


Neptune réclame sont tribu.

Cette même nuits deux navires de plaisance ont fait naufrage. Quatre-vingt-dix autres se sont échoués et cinq plaisanciers y ont laissé la vie.


La Méditerranée, tant moquée par les Bretons est une mer dangereuse, parce qu'imprévisible.

Trois jours plus tard, nous avons fait route vers Porto Vecchio, Une jolie marina, dont je garde pourtant un mauvais souvenir. Trois yachts dont le miens ont été expulsés parce qu'un gros yacht possédé par un Russe, ne voulait pas de voisins. Bien sûr les autorités du port ont prétexté une autre raison. Mais étant amarré sur un quai privé non loin de là pendant deux jours, je suis en position d'affirmer qu'aucun autre yacht n'est venu prendre ma place. Je ne retournerai plus jamais dans cette marina.
Nous avons enfin mis le cap vers Elbe où nous sommes arrivés après 9.30 h de navigation. Nous avons accosté à Portoferraio. L'ile est jolie et pittoresque. Et, bien qu'il n'y ait pas grand-chose à voir, c'est aussi un piège à touristes. Les restaurants sont chers et le service y est plus que moyen, mais surtout la place du port pour deux jours nous à couté 2400 €. Le double des plus beaux ports de Corse.


Elbe ; c'est joli, mais pas plus que la Corse.

Posté le 05/07/2023 à 23h17 par CaptFracass

Après nous être acquittés de cette somme, nous avons mis le cap vers notre port d'attache à Marina Baie des Anges. Où après dix heures de croisière, le Jason est entré pour ne plus en ressortir. Les problèmes de moteurs, les fuites à l'échappement, des problèmes de plomberie et d'autres d'infiltrations d'eau, nécessitaient une intervention coûteuse dans un chantier. Mon armateur ayant subi des revers de fortunes, victime du monde cruel de la crypto monnaie, ne pouvait plus faire face à toutes ces dépenses. Mon salaire étant une ligne importante dans sa comptabilité, j'ai été l'une des premières coupes franches dans le budget du navire.
Entre temps le torchon s'était enflammé entre Joël et moi. Ce dernier refusant d'admettre qu'il lui fallait passer des diplômes pour continuer dans la profession, il finit par trouver un prétexte pour lancer les hostilités. De mon coté je ne tenais pas à me battre pour rester à bord d'un navire qui n'allait plus naviguer et qui ne payait plus ses dettes.
Ainsi se terminait le chapitre du Jason.


Le Jason au quai privé de Porto Vecchio. Image issue de mon téléphone.

NB, les images illustrant ces deux dernières pages sont issues d'internet. N'étant pas à mon domicile, je n'ai pas accès à nombre de mes images.

Posté le 07/07/2023 à 13h49 par Louise

Triste fin d'histoire ça

Posté le 07/07/2023 à 17h33 par CaptFracass

Louise a écrit : Triste fin d'histoire ça

Oui ? Toujours moins que la précédente aventure qui s'est soldée par le décès d'un mécanicien. dans un incendie spectaculaire.
Mais ma chère Louise, en général, lorsque l'on quitte un job dans ce milieux c'est toujours un peu triste... Bon peut être pas l'aventure suivante.

Posté le 07/07/2023 à 18h02 par CaptFracass

Le ZUMBA V (Cinq)

Encore un sacré bordel !
J'avais quitté Jason depuis quelques semaines seulement, profitant de Karine(1) mon épouse et de Vicky ma voiture dédiée à la piste. Je pensais pouvoir profiter un peu de mon temps libre avant de repartir pour de nouvelles aventures. Mais le téléphone me lassa que peu de répit ; cette fois s'était Boby de Laurenz Yachts qui prenait contact avec moi.
Laurenz yachts était la société qui avait vendu Le yacht que j'avais fait transporter sur un cargo dans le chapitre appelé "la traversée du Super Servant 4"

Cette fois Laurenz Yachts venait de reprendre un Princess 86 ; yacht de fabrication britannique, en échange d'un San Lorenzo vendu neuf. Le principe de reprise bien connue chez les concessionnaire auto, peut s'avérer une très mauvaise affaire quand il touche au monde du yachting. Et c'était le cas cette fois encore ; Boby, en charge du service après vente de la compagnie, avait découvert après que la transaction soit entérinée, que le Zumba V avait une moteur sur le point de casser.
Et allez savoir pourquoi, lors que l'on possède un yacht en mauvais état et destiné à finir dans un chantier pour une grosse réparation, c'est toujours moi qu'on appelle.
C'est comme si je me baladais partout avec un nuage d'orage au dessus de la tête et qu'à chaque fois que je sort de chez moi, je me prenais une averse sur le coin de la g...
Et pour aggraver encore cette malédiction, je ne sais jamais refuser ce genre d'offre !?!

A suivre


(1) Rappel Pour des raisons d'anonymat, Tous les noms et prénoms et nom des navires ont été changé bien que reconnaissables.

Posté le 07/07/2023 à 23h48 par CaptFracass

Arrivé à bord, le navire ne semble pas en si mauvais état. il faut dire qu'en comparaison de ce que j'avais affronté précédemment Zumba paraissait en bien meilleur état.
Oui mais en surface seulement. A y regarder de plus près le pauvre yacht avait véritablement manqué de soins au cours des dernières années de son existence. Pour un Princess de 13 ans, il était dans un bien mauvais état. Un winch hors service, le dessalanisateur refusant de produire le moindre litre d'eau douce, les fonds baignés d'une eau saumâtre, La climatisation agonisante et le teck du pont élimé. Mais le pire était le moteur tribord avec une bielle qui cognait. Et une bielle qui cogne dans un bloc moteur de 32litre de cylindrée, ça fait un sacré vacarme.


Le Zumba V, dans toute sa splendeur dans le port de Golf Juan.

Le deal était de travailler à mon rythme, selon des horaires de fonctionnaires d'abord pour le préparer au chantier. Puis ensuit il faudrait le convoyer vers le chantier pour y poursuivre les travaux. Un petit travail routinier mais payé la moitié d'un salaire de capitaine. Après tout je n'avais rien de prévu pour cet hiver et ce job me laisserait du temps libre. Comme à mon habitude je finis par accepter la mission et signer un contrat de quatre mois. A ce stade je pensais encore rejoindre Jason en Janvier.

Les premiers mois, les petits travaux avancent gentiment, mais à mesure que je prend possession des lieux je découvre d'autres déconvenues. Bientôt la mission est trop lourde pour une seul personne, je fais donc enrôler Christian, qui fut mon second capitaine sur un autre yacht et depuis est devenu l'un de mes plus proches amis.
Christian est jeune, brillant, cultivé et gros bosseur. Nous avons le même sens de l'humour, acerbe voir très noir. Bosser avec lui est un plaisir, nous avançons vite et dans la bonne humeur. A nous deux, nous trouvons des solutions à tous les problèmes complexes de remise en état du yacht.

Peu à peu nous découvrons l'historique et les évènements qui ont eus raison de la splendeur initiale de Zumba. Le précédent capitaine, qui pourtant était payé le double de ce qu'un tel navire offre habituellement, avait trouvé un moyen de s'enrichir rapidement sur le dos de son propriétaire. Il existe en Italie, un chantier que nous appellerons Cassiopée (connaître la définition en anglais de Cassiopée, vous donnera le nom véritable du chantier). Ce chantier s'est fait une spécialité des plus douteuses ; en s'arrangeant avec des capitaines peu scrupuleux, il facturent des travaux non exécutés aux armateurs et partagent à 50/50 avec le commandant, les très juteux bénéfices de l'opération. Après cela le skipper de Zumba, s'est offert une villa sur la côte et un Hummer pour l'y conduire.

Mon prédécesseur s'en ai mis pour à peu près 600.000€ dans la poche, puisque le navire s'est vu facturé 1.2 million d'euros de travaux non exécutés.
Mais il y a pire, l'ex armateur à donc acheté chez Laurenz Yachts, un tout nouveau Sunseeker de 28 mètres, dont il avait confié le commandement au même capitaine, qui au passage n'a pas hésiter à demander une augmentation. Le salaire ainsi négocié fut celui d'un commandant d'un yacht de 50 mètres.

J'ouvre une parenthèse. Ca m'a franchement surpris de l'apprendre, mais en moyenne un capitaine de la marine marchande, avec un Bac plus cinq se fait du 6000€ brut par mois. Un capitaine d'un yacht de 40 mètres avec son bac plus deux, émarge de huit à dix mille net par mois. Une explication sans doute ; si les responsabilités sont moins importantes, force est de reconnaitre que la charge de travail est bien plus lourde.
Je ne connais d'ailleurs, pas un seul yacht qui respecte la règlementation internationale maritime (MLC) en matière d'heures de travail et de repos.

Il y a une autre raison ; j'ai eu l'occasion de discuter avec le commandant en second d'un Ferry qui me ramenait d'Angleterre. Après avoir comparé les avantages et désavantages de nos postes respectifs et venant au sujet du salaire, il est apparu qu'une question d'égo se trouve aussi derrière le choix de carrière. Mon interlocuteur était fier d'être officier en second sur un navire de plus de cent mètres de long et m'avoua qu'il eu l'impression de se dévalorisé aux commandes d'une embarcation qui ne fait souvent que le tier, du navire sur lequel nous étions en train de débattre. J'avoue comprendre son point de vu. Dans ses fonctions cet officier a aussi la chance de ne pas travailler avec le type de dégénérés que l'on voit trop fréquemment sur les yachts. Mais ça il l'ignore.

Quelques infos intéressantes : https://sailing-stream.fr/combien-gagne-un-capitaine-de-yacht/

https://www.metier.org/salaire-capitaine-de-navire/

Posté le 08/07/2023 à 00h07 par CaptFracass

Lorsque Boby s'est enfin décidé à fait part de ses impressions et les miennes à l'armateur, concernant son capitaine, ce dernier a commencé par rétorquer que ce monsieur faisait bien la cuisine mais n'entendait pas grand chose à la mécanique ; ce qui était supposer le dédouaner de toute suspicion de malveillance. Peu de temps après, l'acheteur s'est enfin réveillé. Il s'est renseigner de son coté, puis a fait faire un audit, qui l'a mené à porter plainte contre le chantier et son capitaine.

Posté le 08/07/2023 à 11h38 par CaptFracass

Les semaines se transforment en mois et les mois se succèdent, et comme c'est souvent le cas, les projet prend du retard sur le planning initial. Ce n'est pas surprenant, c'est le service vente d'occasion qui a fixé des objectifs pour le moins optimistes, espérant revendre le yacht au plus vite. Il est facile de comprendre que chaque jour d'immobilisation coûte de l'argent et vient grever le bénéfice sur la vente.

Oui, mais ce que les pontes de l'occase ont oublié, ce sont ces légions de petits défauts qu'il faut systématiquement corriger avant la vente et qui sont toujours plus chronophages qu'espéré.
Nous sommes maintenant déjà en février, mon contrat a été prolongé jusqu'à fin avril, puisque maintenant je sais que je ne retournerai pas sur Jason. Après avoir changé les quatre groupes de clim, prétendument déjà changés huit mois plus tôt dans le chantier Cassiopée ; après avoir réparé l'engrenage du winch bâbord, après avoir rétabli dans son ensemble le service eau fraiche avec une foule de petits travaux, nous voilà prêts pour partir au chantier; mais sur un seul moteur.


Les groupes de clim supposément changés huit mois plus tôt.

Avec le seul moteur bâbord en fonction, et des safrans sous-dimensionnés, dans le meilleur des cas le Zumba accepte d'aller droit, mais refuse catégoriquement de tourner sur sa gauche. C'est pour le moins gênant, nous somme à Golfe juan et nous allons à Antibes. Le trajet de sept miles nautiques doit contourner le Cap d'Antibes sur notre gauche. En fait nous sommes destinés à ne tourner que vers la gauche, dès la sortie du port et jusqu'à l'entrée du port d'Antibes. Que les virage soient serrés ou large, il va falloir faire accepter à Zumba que nous ne sommes pas d'accord avec lui sur la direction à prendre. Deux solutions au problème, la première celle que j'ai choisie à la sortie du port, pivoter sur ma droite jusqu'à me retrouver sur le bon cap, en clair effectuer une rotation sur ma droite de 345°. Le seconde option, celle que j'ai choisie pour contourner le cap ou pour manœuvrer dans le port d'Antibes, consiste à donner un peu d'élan au navire (en termes marin on dit "donner de l'ère") et ensuite virer au gouvernail.
Autre petite précision sur le dialecte des marins ; le gouvernail est constitué de tout l'équipement permettant au navire de virer, de la barre en timonerie jusqu'au safran. La partie immergée que les terriens appellent, à tord, le gouvernail se nome donc le safran.

Nous nous sommes présentés à l'heure face au chantier et sans trop de difficultés nous avons pris notre poste d'amarrage. Le gros du travail allait commencer les jours suivants...


Notre itinéraire entre Golfe Juan sur la gauche de l'image et Antibes.

Posté le 09/07/2023 à 07h18 par Brifou

Le tour du cap d'Antibes,
Départ de Cannes, et retour par l'intérieur,
Une de balades, du dimanche matin, que j'ai fait très souvent,

Mais à vélo,

Mon circuit

Rangé des voitures

Posté le 09/07/2023 à 08h27 par DrA

Impressionnante tempête ! Les marins avaient raison...

Posté le 18/07/2023 à 19h31 par CaptFracass

Maintenant, ce sont les travaux au chantier qui s'éternisent. La lenteur administrative de l'équipe de Laurenz Yachts et le manque de volonté des cadres du chantier qui considèrent ce petit yachts dont l'armateur négocie chaque devis, comme une une galère financière, n'aident pas. A bord, mon équipier et moi ne sommes pas non plus débordants de motivation. Les promesses de contrats CDI et d'augmentations se sont égarées avec l'inconsistance de Benny, le PDG de la compagnie, dont je viens d'apprendre qu'il à fait de la tôle pour escroquerie. Ca ne met pas en confiance.

Deux moi plus tôt, Benny était passé me voir à Golf Juan, pour me faire des plans sur la comète. Selon lui, J'étais l'homme providentiel ; nous allions sortir à temps du chantier pour nous rendre avec le yacht au grand prix de Monaco, puis le navire serait rapidement vendu et comme d'habitude je me voyait promettre ensuite un yacht bien plus gros.
Mais l'homme providentiel ne peut rien faire sans budget ! Et les décisions contradictoires du management n'arrangeaient rien à l'affaire.
Entre temps Benny étais devenu injoignable et ne se souvenait plus de ses promesses. On peu pas dire que j'en fut surpris, mais j'en étais rendu à un stade où s'il m'avais promis que le lendemain le jour allait se lever, j'aurais été susceptible d'en douter.

Début mai, Christian a claqué la porte, il s'est trouvé un poste de capitaine sur un trente mètres et je n'ai pas insisté pour le garder à un poste ou il s'ennuyait et était sous payé. N'empêche que sont départ à laissé un vide, sans lui trouver l'envie de poursuivre seul, abandonné par l'équipe Laurenz qui avait d'autre poissons plus gros à gérer, devenait plus difficile chaque jour. J'en viens rapidement à me demander ce que je faisais encore là. Ayant refusé de signer un autre contrat pour un mois de plus au même salaire, j'annonçais mon départ à Bobby, qui n'avait pas les moyens de me retenir.
Son seul argument fut ; mais que va devenir le projet ?
Réponse, - Ce que vous souhaitez en faire.

Le yacht au moment ou je quitte définitivement le bord est encore à l'eau. ça fait trois semaines qu'il devrait être à sec. son moteur cassé a été retiré; le plancher du salon a été découpé pour laisser passer l'immense 16 cylindre.
Le Zumba ainsi amputé gîte sur bâbord comme un rorqual agonisant. Il est couvert de la poussière soulevée quotidiennement par les activités environnantes. Les restrictions administratives quant à l'arrosage, nous empêchent de le laver. Et pourtant trois jours avant mon départ, Brad, le responsable commercial de Laurenz Yachts débarque avec un éventuel client et sa femme. Sachant que le Zumba est proposé à 2?5 Millions d'Euros, un prix exorbitant pour un yacht de cette taille et de son âge, on ne s't'étonnera pas que l'éventuel acheteur soit parti presque en courant seulement cinq minutes après être monté à bord. Voilà un allez et retour en jet privé, qui valait la peine.


Attention bonne affaire : A vendre yacht 27 mètre onze ans d'âge, avec deux moteurs si vous êtes patients... Très patients. Bon de toutes les façons il navigue très bien comme ça, du moment que vous voulez aller sur tribord.

Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes en Juillet et le yacht qui devait être prêts pour la fin mai est encore au chantier. Mon successeur vient de claquer la porte, il a eu une autre proposition. Dans ce milieu, où capitaines et membres d'équipage sommes considérés comme des consommables, les armateurs font toujours semblant d'être surpris lorsqu'on les plantent du jour au lendemain. En même temps ne pas faire de contrat légal; s'est devoir s'attendre à ne pas pourvoir se prémunir contre ce genre de défection.