Installez vous dans un bon fauteuil avec une bonne tasse de thé ou un bon whisky, ça va être long. Et là j'ai perdu 50% de mes lecteurs.
Notre président, Emanuel Macron, souhaite faire de la France un leader mondial de L'hydrogène, pour que notre nation se pose en championne de la lutte pour la décarbonisation.
Loin de moi l'intention de me lancer dans un discours politique, mais d'un point de vue scientifique, est-¬ce vraiment une bonne idée ?
Pour commencer qu'est-ce que l'hydrogène ? Je ne pense pas vous apprendre que c'est un gaz, c'est aussi le premier élément du tableau périodique des éléments et l'atome le plus répandu dans l'Univers ; environ 75% de toute la matière atomique qu'il contient.
Donc me direz vous ; Il est facile de s'en procurer. Oui et… non.
En fait autour de nous, disons sur cette planète, il est contenu soit dans de l'eau, soit dans de la matière fossile : pétrole, butane, charbon. Il faut donc l'extraire. Et c'est là que les problèmes commencent. Vous vous souvenez sans doute tous, de cette expérience vue sur les bancs de l'école où l'on extrait de l'hydrogène à partir de l'eau avec de l'électricité. Ce procédé appelé électrolyse est très énergivore. L'hydrogène produit va servir à produire de l'énergie. Donc pour produire de l'énergie à partir d'hydrogène il faut commencer par dépenser de l'énergie.
Rien de surprenant, me répondrez vous en rappelant la phrase de Lavoisier, « Rien ne se perd, tout se transforme ».
Certes, mais dans notre cas le problème est qu'il faut plus d'énergie pour produire l'hydrogène, que l'énergie qu'il permettra ensuite de produire. Beaucoup plus. Tellement plus qu'aujourd'hui dans le monde seulement 5% de tout l'hydrogène produit l'est par électrolyse. Le reste est extrait à partir du charbon, du butane ou du pétrole parce que beaucoup plus économique et efficace. Oui mais aussi très polluant. Au final, une voiture propulsée par une pile à hydrogène pollue plus qu'un SUV diésel, si l'on tient compte de la méthode de production de cet hydrogène.
Alors de quoi parle notre président, lorsqu'il parle d'hydrogène vert ? Et bien, il fait référence à une production électrolytique dont l'énergie serait fournie par des éoliennes, des panneau solaires ou plus probablement par des centrales nucléaires. Disons-le franchement ce n'est pas pour demain !
Et après ? Ok, ça y est nous sommes en 2050 et la France produit une grande quantité d'hydrogène par électrolyse. Mais que fait-on de tout cet hydrogène ? On le brule avec de l'oxygène, ce qui produit de la vapeur d'eau. Ce serait beau, mais irréaliste encore une fois. Pour transporter l'hydrogène, il faut le compresser à sept cent fois la densité de l'atmosphère, à ce stade il devient liquide. Donc il faut le contenir dans un réservoir et comme ce gaz par effet chimique fragilise n'importe quel contenant, il faut des réservoirs renforcés ultra lourd. Alors si en plus il faut aussi des réservoirs renforcés d'oxygène, votre auto pèsera le poids d'un dinosaure ! Ok j'exagère un peu.
Bref la solution c'est la pile à combustible. Ce procédé qui utilise une membrane produisant de l'électricité lorsqu'elle est traversée par de l'hydrogène existe depuis les années 60, utilisée alors par la NASA pour les programme Gemini, Apollo et actuellement sur l'ISS. Accessoirement Toyota vend des voitures équipées de ses piles à combustible depuis une décennie.
Cool on est sauvés ! … Ben non, le problème c'est qu'une pile à combustible, pour fonctionner a besoin de Platine et d'Iridium. Ce sont de métaux rares et ce qui est rare est cher. Vous aurez eus l'occasion de vous en rendre compte, si un jour vous avez voulu offrir une bague en platine à l'élue de votre cœur. Et l'Iridium est encore plus rare, tellement que nombre de personnes n'en ont jamais entendu parler.
En fait ces deux métaux se trouvent dans des gisements concentrés sur uniquement trois nations ; la Russie, la Chine et l'Afrique du Sud. Même si on oublie les raisons politiques, les géologues estiment que la demande pour ces deux métaux aura triplé dans le monde en 2035 et leur prix avec. Mais pire encore, selon ces mêmes estimations, les gisements seront épuisés en 2050.
Vous l'aurez donc deviné, pour ceux qui ont eu le courage de lire ce texte imbitable jusque ici, notre bon président se trompe, comme il l'avait déjà fait lors de son premier mandat pour le nucléaire.
Mal conseillé, ou la proie de certains lobbys, il n'en demeure pas moins qu'il est en train d'investir des fortunes dans une industrie sans lendemain.
Encore une solution miracle qui part à la décharge, sommes-nous foutus ? si cette questions vous intéresse, dites-le dans vos commentaires, ce sera peut-être le sujet d'une de mes prochaines réflexions.
En attendant, ne vous contentez pas de mon opinion, informez vous et forgez vous votre propre point de vue sur l'hydrogène.