Ce post intéressera essentiellement, ceux qui attendent avec impatience leur exemplaire du Livre sur la GT40, que j'ai écrit cet hiver pendant le confinement.
Ceux-là savent déjà, que je ne gagne pas ma vie en noircissant des pages avec des histoires d'automobile, mais plutôt en écumant la Méditerranée, d'un bout à l'autre sur des yachts. Parti pour de nouvelles aventures iodées, juste avant la livraison par l'imprimeur des livres, je vais tenter de vous faire patienter en vous comptant mes aventures nautiques.
NB Ce milieux est celui du secret, selon l'adage pour vivre heureux il faut vivre caché, les riches n'aiment pas que l'on parle de leurs jardins secrets. Donc certains détails tels que les noms des personnes à bord, ou leurs habitudes et autres petits secrets ne seront pas divulgués ici.
Commençons avec le commencement : Je suis capitaine avec un brevet délivré par la marine marchande m'autorisant à prendre le commandement de navires allant jusqu'à 500 tonneaux ou UMS. Dans la pratique des vaisseaux pouvant atteindre un peu plus de 50M. Pour un Porte Container ou un navire de croisière ce serait un peu juste, mais pour un yacht, c'est plutôt confortable.
Mon infortune m'ayant mis dans l'obligation de chercher un nouveau commandement en pleine crise de Covid (la saison est très compromise cette année) je me suis contenté d'un yacht de petite taille avec pour plan de croisière des balades de Monaco à St Tropez. Rien de bien exaltant, mais pour une fois j'aurai l'occasion de rentrer chez moi de temps à autres. (D'habitude, je pars pendant 5 mois). De plus le yacht est un Riva 86 (27 mètres), l'un des plus beau de sa catégorie. La Bugatti des mers. Ci-dessous
Et c'est là que ça se gâte ! Un navire n'est pas une voiture, si vous le laissez tout l'hiver sans soin, au printemps, vous vous retrouvez avec une épave flottante.
Et c'est bien ce que j'ai récupéré.
Oui alors je sais, vous allez me dire une épave comme ça, on est prêts à passer nos vacances dessus ! De plus, sur les photos il à l'air en parfait état.
Mais quand on a commencé à faire l'inventaire de ce qui ne marchait pas, on s'est retrouvé avec une liste plus longue que celle des invités au mariage du prince Andrew et de Megan Markle ; avec les petits fours et le champagne en Moins. Donc, départ de San Remo (Italie), pour le chantier à Toulon.
100 milles nautiques (184 km) en un peu moins de six heures.
- Oui c'est bien ça, ça fait du 30 km/H ou pour les marins du 16 nœuds. Il faut préciser que si pour une prostituée, c'est un très bon rythme*, pour un yacht planant, c'est pas folichon. Oui mais notre coque est une ferme à coquillage, qui a perdu toute capacité hydrodynamique. Et nos moteurs ont besoin d'être révisés.
C'est là que les choses se gâtent, après une heure de navigation le moteur tribord, un MTU de 2200cv, 16 cylindres, trois turbos et 600 litre heure, à régime de croisière, se met à cracher son huile. Au prix où on la paye, c'est un manque de gratitude de la part du moteur.
Après deux heures de navigation les deux moteurs perdent de l'huile, environ 10 litres à l'heure, rien d'affolant lorsque l'on sait que le carter en contient 180 par moteurs. Mais les extincteurs, chargés avec 43 litres de gaz carbonique à l'état liquide se mettent à fuir également. les boites de transfert sur chauffent, le GPS et le traceur de carte refusent de fonctionner et le radar est ivre mort, ils nous donnent des positions d'autres navires complètement décalées.
Bref, on fut heureux d'arriver. Demain on le sort de l'eau.
Au chantier ce soir à 18heure.
*16 nœuds à l'heure